Saturday, December 8, 2018

La Monster Factory des oligarchies

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Bien que notre ressenti dépende surtout du pays dans lequel nous vivons et où nous nous situons sur l'échelle sociale, il existe un courant commun : le malaise est bien réel. Mais ce constat est aussi diversement interprété que les solutions proposées soient confuses.

 

Dans les pays socio-économiquement très développés la crise existentielle se traduit, entre autres, par un taux de suicide élevé. En revanche, à Maurice c'est la démotivation quasi-généralisée qui la caractérise et ressort par ses propres canaux de frustration et de projection lorsqu’elle n’est pas refoulé. Essayons de déconstruire le schéma qui a conduit à cette situation insoutenable. Sans remonter trop loin dans l'histoire et sans verser dans un pédantisme déplacé, il s'agit ici d'une tentative de sortir de l'emprise idéologique qui se termine presque toujours dans un conflit personnalisé, parce ce que fondamentalement binaire, lorsque le débat est "populaire" ou qui s'égare dans une pensée circulaire lorsqu'il aspire à être "sophistiqué". Quand ce n'est pas, au cas échéant, la mauvaise foi qui le sous-tend.

La mondialisation et le capitalisme comptent parmi les buzzwords qui agitent les débats depuis au moins deux décennies. Avec la doctrine There Is No Alternative (TINA), qui sanctifie la dérégulation et la privatisation tous azimuts des marchés, Margaret Thatcher a grandement contribué à stimuler la rat race, ce vécu qui s'articule autour d'une lutte débilitante pour surclasser son voisin afin de jouir des privilèges instantanément, quitte à oeuvrer en hors-la-loi; la surconsommation agissant comme catalyseur.

Pro-marché à tout prix

D'emblée dissipons l’amalgame entre l'entreprise privée et le capitalisme (prédateur). Ce dernier repose sur des paramètres dénaturés par rapport à ce que Adam Smith, ce monument de la pensée économique, envisageait. En effet, lorsqu'il évoquait la "main invisible", il insista qu'elle serait efficiente que si elle est soutenue par une force éclairée qui ne nuirait pas à l'intérêt général. En érigeant la cupidité en vertu, le dogme du marché qui s'autorégule a été déterminant dans la dérive que nous subissons.

Les défaillances inévitables du marché exigent, d'une part, un État-arbitre qui intervient pour imposer un level playing field où la concurrence saine stigmatise la quête des rentes de situation. En contrepartie, ce marché récompense le sens de l'innovation. D'autre part, l'État devient aussi acteur quand le Big Business n'a pas les ressources nécessaires pour opérer dans un secteur précis ou encore quand il ne flaire pas un gros coup.

Par contre, un État sous influence est une agence pro-Big Business qui applique des politiques arbitraires pour faciliter l'expansion des conglomérats et des multinationales. Cela au détriment des petites et moyennes entreprises qui sont plus aptes à dynamiser le marché et générer des emplois. Quand, par exemple, nous nous dirigions vers la fin des accords préférentiels et que la transformation de l'industrie sucrière commençait à occuper l'agenda "national", l'industrie cannière était promue comme la formule gagnant-gagnant.

En réalité, c'était un lobby sournois pour soutenir sa conversion à l'industrie bétonnière (soit le développement foncier) en passant par l'industrie énergétique qui s'affichait verte mais qui finalement tourne principalement au charbon. Le tout accompagné de subventions généreuses imposées aux citoyen.ne.s-contribuables. Qui sont les véritables "assisté.e.s" ? Renverser ce modus operandi est un impératif aussi économique que social et écologique car il parasite le système en bridant les énergies productives, source de toute compétitivité effective.

Massenbetrug*

Mass deception* (tromperie de masse) est un phénomène que les philosophes Theodor Adorno et Max Horkheimer avaient élaboré pour décrire la marchandisation de la culture populaire et sa diffusion pour distraire les citoyen.ne.s, sans la contrainte de sublimer l'oeuvre, pendant que se trame l'accaparement des ressources. Les professeurs Noam Chomsky et Edward Herman approfondiront plus tard comment les médias mainstream s'y associent dans Manufacturing Consent. Ce n'est pas un hasard si ces médias sont aujourd'hui au creux de la crédibilité car leur exploitation est tributaire des annonceurs qui dessinent les contours du système. Ainsi, ces journalistes intériorisent des codes qui tendent à inhiber toute noblesse, même si passionnément désirée.

Sur le plan international, les regards sont souvent orientés vers Donald Trump et les "jihadistes". Qu'ils puissent incarner les traits d'un "monstre" capable de faire très mal est incontestable mais auraient-ils été au centre de l'actualité si les gouvernements n'étaient pas des pantins du Big Business? Idem pour notre gouvernement actuel, sans doute le pire que nous ayons connu, pas parce que nos gouvernements précédents étaient compétents, mais ils étaient seulement moins pires et de toute façon le désenchantement s'annonçait déjà depuis longtemps.

C'est ce vide qui a favorisé l'émergence des "monstres" sous toutes ses formes. Nous pouvons quand même accorder un bon point à notre gouvernement du jour. Ailleurs, la crise des migrants, taxés de "monstres" par ces "monstres" nouveaux démagogues qui attisent la fachosphère, génère beaucoup de crispation. Au moins les Rodriguais connaissent une attention particulière. Ce qui peut contribuer à leur épanouissement "chez eux" sans les transformer en migrants potentiels.

Gouvernements et Big Business lamin dan lamin

 Les révoltes de la rue cristallisent le ras le bol des citoyen.ne.s vis à vis du mépris de l'establishment politique et économique à leur encontre. La colère se libère face au train de vie ostentatoire de cette caste qui symbolise les inégalités sidérantes. Pour soigner son essoufflement, Maurice s'est offert son moment TINA dans les années 2000. La France se rattrape aujourd'hui avec Emmanuel Macron, après la tentative avortée de Nicholas Sarkozy.

Un système intrinsèquement miné par des décennies de tromperie ne pourra jamais être sauvé par une autre tromperie sans nuances et sans variables concoctée dans une tour d'ivoire par des pseudo-rationalistes. Le véritable salut découlera d'un diagnostic sans détour, d'une destination bien définie, d'un plan d'action intégré, glocal et intelligemment communiqué. Le parcours devra être résolument propulsé par une synergie entre toutes les parties prenantes. Le tout inspiré par des leaders imprimant le bon exemple et des régulateurs qui mordent.

Le Royaume-Uni est le modèle type d'un pays condamné à survivre les contrecoups de la désindustrialisation et de la financiarisation excessive de son économie. Avec notre minuscule territoire, et en singeant le même protocole, la gentrification galopante qui en résulte ne peut qu'être davantage dévastatrice. D'autres décisions totalement absurdes ont envenimé le paysage, notamment:
  • la suppression du Ministère du Plan;
  • le démantèlement du chemin de fer;
  • le lancement simultané de la plateforme offshore avec un régime de changes flottants (une validation des changes encore plus glissants);
  • les incitations à l'accaparement des sites "pieds dans l’eau" et, parallèlement, la consécration du temple des zougaders.
Les usual suspects que sont les pays scandinaves ainsi que l'Allemagne, la Corée du Sud, l'Estonie, le Canada et Singapour, surmontent moins douloureusement cette rat race parce que leurs capitaines n'ont jamais été totalement séduit.e.s par TINA. Leur vision et leur proactivité ont en général pris le dessus sur le nombrilisme et le jeu de blâme. Lorsqu'on observe l'effervescence autour de l'humanoïde Sophia au sommet de l'intelligence artificielle et le contraste avec les "robots" sur nos routes qui ne sont toujours pas synchronisés avec des algorithmes performants on mesure bien le sens de notre "miracle", "réforme", “développement” et "modernité"!

Kot lespwar?

Le moment est venu selon Andy Haldane, l'iconoclaste de la Bank of England, de mettre un terme à la tyrannie des "expert.e.s" et de faire confiance à la sagesse populaire. Hélas, ce n'est pas une transition donnée car les Millenials, comme beaucoup parmi ces "expert.e.s", n'ont pas bénéficié d'outils cognitifs suffisamment aiguisés pour naviguer les loqiques systémiques avec une approche interdisciplinaire et pointue. Les Millenials des milieux aisés sont au coeur de l'élan qui aspire au changement de paradigme et se retirent plutôt activement de la rat race. Pour notre malheur, ce retrait a tendance à être poussif dans des pays à forte proportion de citoyen.ne.s marginalisé.e.s.

Il n'est pas dit non plus que les réseaux sociaux sauraient raviver la citoyenneté participative. Non seulement les informations qui y circulent sont fortement filtrées par des algorithmes pas toujours bienveillants, elles sont de surcroit très Westoxicated. Ici à Maurice les angles rétrécissent davantage, les récits aliénants se multiplient car lourdement franco-centrés. Ainsi les impostures de Jordan Peterson, dans le domaine du développement personnel, de Niall Ferguson, l'historien-encenseur de la Nouvelle Conquête de l'Ouest et de leurs semblables ont la voie libre.

Dans la propagande des laudateurs du capitalisme prédateur, taxer de "socialiste" toute autre alternative serait l'insulte suprême. Mais les usual suspects ont démontré que les étiquettes importent peu dans la construction d'un projet viable. Heureusement que des signaux prometteurs sont émis ici et là. La gent féminine est en train de porter haut le drapeau anti-TINA. Entre autres; Mariana Mazzucato au niveau des recherches académiques; les penseuses économiques Rana Faroohar et Gillian Gett au sein même de la voix du capitalisme, le Financial Times; Jacinda Arden, Première ministre de la Nouvelle Zélande.

Les recherches comportementales de Daniel Kanhemann et Richard Thaler, parmi les plus citées, confirment les insights de Adam Smith. En Corée du Sud, les chaebols (conglomérats) sont mis au pas. Le pape François dénonce constamment la rat race. Il faut souhaiter que Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party qui galvanise le peuple britannique par son authenticité autant qu'il emballe la machine virulente roulant pour le statu quo, ne soit pas forcer à démissionner comme Yanis Varoufakis, pourfendeur du capitalisme prédateur et ancien ministre des Finances grec. 

L'establishment politique et le Big Business se nourrissent mutuellement. Aussi longtemps que nous n'intégrons pas cette équation comme la source principale de la rat race et de ses séquellesnon seulement nous entretiendrons la mass deception mais, peu importe la vigueur de notre activisme, nous continuerons à donner essentiellement un coup d'épée dans l'eau. 

Tuesday, October 2, 2018

Communautés : Quand 4+11 ne feront jamais 15

On aurait pu penser, voire souhaiter, qu’après l'échec cinglant de sa tentative de nous embobiner avec le projet “2e république”, l’oligarchie politique allait se ressaisir. Pas du tout. Voilà qu'une frange de cette même oligarchie nous balance sans broncher le “Best Loser Seat”. Comme-ci il n'y avait aucune limite pour abuser de notre désespoir.

Il y a certes des raisons pertinentes pour revisiter notre système électoral. Notamment le financement des campagnes, le redécoupage des circonscriptions, la représentation plus équitable des candidat(e)s comme des citoyen(ne)s. Tâche complexe sans doute qui exige rigueur, patience et même, dans certains cas, référendum. Pas ce messianisme méprisant et simpliste qui bascule dans une session digne de la World Wrestling Entertainment où protagonistes (incluant aussi les wannabes), arbitres, chatterati, pom pom girls & boys simulent l’extase. Sauf que, dans ce cas précis, spectatrices et spectateurs restent plus ou moins groggy.

 La perversion de la recommendation de United Nations Human Rights Committee au sujet de la déclaration communautaire pour participer aux élections cristallise la situation. En effet, cette instance préconise que si nous souhaitons poursuivre avec le Best Loser System (BLS), sans jamais se prononcer sur son abolition ou pas (nullement de son ressort d’ailleurs), c’est avec un recensement réactualisé. Autrement ce serait totalement absurde. Encore faut-il soutenir avec cohérence, ce qui est loin d'être le cas, que le BLS répond effectivement ou pas à cette crainte de demeurer un(e) outsider qui s'identifie à peine aux élus du Parlement.

Ce que nous propose l'oligarchie politique à quelques détails près, avec de surcroît une augmentation du nombre de députés budgétivores, la décrédibilise plus que jamais. En revanche, le 10 juin 2015, le Conseil économique et social des Nations Unies a adopté une résolution qui stipule : le recensement de la population et des logements constitue l'une des principales sources des données nécessaires à la formulation, à la mise en oeuvre et au contrôle de l'efficacité des politiques et programmes visant à promouvoir le développement socioéconomique pour tous et la viabilité écologique.

Sans même se rendre compte de son imposture, l'oligarchie politique se dédouane et culpabilise les citoyen(ne)s censé(e)s entretenir le communalisme. Selon sa vision tordue de la "démocratie", revoir les chiffres de 1972 avec ses 4 communautés anachroniques ouvrirait la "boite de pandore". Mais elle se réserve quand même le droit d'accès à sa propre "boite" de 11 communautés, puisées semble-t-il de manière "scientifique" des noms de famille du registre électoral, qu'elle instrumentalise cyniquement. Peu importe si notre way of life n'est pas invariablement le reflet de notre ADN.

Nous avons tous des identités hyphenated. Par exemple, on peut être en même temps Mauricienne-Créole-Catholique, Mauricien-Hindou, Mauricienne-Agnostique ou bien d'autres combinaisons. Définir les communautés en juxtaposant (non-)croyance religieuse et ethnie étant difficilement évitable. C'est notre vécu qui détermine quelle part prime sur l'autre et la porosité de nos identités plurielles. Le communalisme n'est pas la maladie en soi. Il est symptôme d'une réalité parasitée par des plafonds de verre qui incite au repli sur la communauté perçue comme refuge. L'ethnicity-blindness est une utopie gratifiante qui devient toutefois un délire lorsque ses partisan(e)s essentialisent l’émergence d’une Première ministre non-Hindoue ou d’un Premier ministre non-Hindou. Une approche ethnicity-neutral aurait au moins le mérite de ne pas célébrer une (autre) "république une et indivisible” qui se mente.

Il ne faut pas se tromper d'ennemi : nous sommes tous des "minorités" survivant avec un ascenseur social manifestement en panne à l'extérieur de la réseaucratie. Ce serait plus sage de méditer sur "on améliore que ce qu'on mesure" (correctement s'entend) si nous envisageons de sortir du cercle vicieux. Bien que le BLS ne puisse exister sans comptage communautaire, ce dernier est déterminant aussi pour des recherches, entre autres, socio-économiques, anthropologiques et médicales. "Kisa bebet" qui ne distingue pas le Kreol (Afro-Mauricien(ne)), l'Indien (Hindou(e)), le Blan, le Milat (Euro-Créole), le Mizilman, le Sinwa du Madras (Tamoul(e))? C'est important aussi que chaque citoyen(ne) se reconnaisse dans chaque "case".

Il y aura toujours des outliers et des Mauricien(ne)s qui ne se retrouveront dans aucune "case" soit parce ce que, selon l'image fétichisée, Karl Marx, Che Guevera et Rosa Parks les incarneraient plus fidèlement ou parce que le sentiment in-between prévaut. Les catégories "autre", Pomien (s'identifiant au Pays d'outre-mer - soit une extension de DOM-TOM), Don Quichotte ou Coconut sont incongrues. Peut-être "métis" pourrait faire l'objet d'une "case" à part entière ?  Par contre, les castes et sous-castes sont à proscrire. Ce qui est certain, rien ne doit se faire avec le consensus au sein de l'oligarchie politique uniquement. Mais en concertation avec toutes les parties prenantes pour dresser une liste réfléchie et modulable dans le temps pour la grande majorité des citoyen(ne)s.

Si des voix s'élèvent pour le maintien le BLS, ce n'est pas forcément parce qu'elles sont sectaires (autrement, toute proportion gardée, Martin Luther King par exemple aurait été un communaliste), mais, paradoxalement, parce que le BLS a failli dans sa mission après 50 ans. Pour diverses raisons, tout le monde n'a pas le même profil anthropologique. Une affirmative action sert justement à pallier ce décalage. Avec toutefois une clause décisive : le mécanisme doit s'inscrire dans une durée préétablie afin d'agir comme incitation à déployer des politiques qui réduisent les discriminations, favorisent l'autonomisation et l'épanouissement. Le BLS aurait dû être partie intégrante du Mauritius-building. Mais, comme pour le quota ou le moratoire, sans être une fin en soi.

Les amalgames douteux, ou involontaires peu importe, suscitent toujours une polarisation improductive. Et, désabusé(e)s, les Mauricien(ne)s suivent la tendance mondiale. Depuis pas mal de temps déjà la plupart d'entre nous votent par défaut. Faute d’alternative crédible. Selon le président de la Chinese Chamber of Commerce la population sino-mauricienne à Maurice est descendue à 12000 et la tendance se poursuit. Si une communauté qui a la réputation d'être proactive ne se sent pas vraiment insider du système et choisit fatalement d’émigrer, c'est qu'il y a bien malaise mauricien.

Le tribalisme dépasse le cadre de l'ethnie et de la religion. Ensemble, l’oligarchie politique, son parrain l’oligarchie économique et leurs spin doctors constituent un redoutable émetteur de poudre aux yeux qui agit comme véritable frein au changement. Rarement son moteur. Nous ne pouvons plus prétendre ne pas entendre la colère des Mauricien(ne)s. Mais les écoutons-nous?  "Réforme", qu’elle soit électorale, économique, éducative ou autre rime désormais avec "galimatias" et "arnaque".

Best Loser System: Faking change in shameless fashion


One might have thought, or even wished, that the political oligarchy would have learned from its stinging failure in its attempt to mislead us with the "2e république" project. Not at all. Here is a fringe of this same oligarchy dumping the "Best Loser Seat" at us. As if there was no limit to abusing our despair.

There are certainly valid reasons to revisit our electoral system. In particular the financing of campaigns, the redrawing of the constituencies, a more equitable representation of candidates as well as citizens in all their diversity. No doubt, this is a complex task requiring diligence, patience and even, in some cases, referendum. Not this despicable and simplistic messianism that morphs into a session worthy of World Wrestling Entertainment where protagonists (including also wannabes), referees, chatterati, cheerleaders fake deliverance dramatically. Except that, in this case, spectators remain more or less numb.

The perversion of the United Nations Human Rights Committee (UNHRC) recommendation about the declaration of one's "community" to take part in elections crystallises the frenzy. Indeed, this body advocates that should we wish to carry on with the Best Loser System (BLS), without ever taking a stand on its abolition or not (in no way its responsibility for that matter), it is with an updated census. Otherwise we would be making a mockery of ourselves. As long as we argue consistently the case for or against the BLS. An elusive prospect for now.

What the political oligarchy is trying to sell us under different permutations, minted around an increase in the number of (predominantly) fat and one-track minded Members of Parliament, discredits it more than ever. By contrast, on June 10, 2015, the United Nations Economic and Social Council adopted a resolution  which states that the “census of population and housing is one of the main sources of data needed for implementation and monitoring of the effectiveness of policies and programs to promote socio-economic development for all and environmental sustainability.” No wonder we are being led astray with an erroneous census of population and housing.

Without even realising its sham, the political oligarchy even dares blame-gaming citizens for stirring up "communalism". According to its distorted view of "democracy", revisiting the 1972 data with its 4 anachronistic "communities" would open "Pandora's box". But it still reserves the right of access to its own "box" of 11 "communities", apparently "scientifically" derived from family names of the electoral register, which it instrumentalises cynically. Regardless how our way of life is invariably a reflection of our DNA.

We all have hyphenated identities. One can simultaneously be, say, Mauritian-Gay-Catholic, Mauritian-Male-Hindu, Mauritian-Female-Agnostic or any other combinations without altering one's patriotism. Defining communities by juxtaposing (non-) religious belief and ethnicity is difficult to avoid. It is our experience that determines the extent of overlapping of references within our plural identities. "Communalism" is not the disease per se. It is a symptom of a reality doomed by glass ceilings that triggers withdrawal into a “community” perceived rightly or wrongly as a refuge. Ethnicity-blindness is a gratifying utopia that turns into a joke when its proponents essentialise the emergence of a non-Hindu prime minister. An ethnicity-neutral approach that internalises the plural nature of the population would at least have the worthiness of not celebrating yet-another delusional "république une et indivisible".

We should refrain from misfiring as we have all become de facto "minorities" surviving a social mobility hijacked by networks of patronage. It would be wiser to ponder the relevance of "you cannot manage what you can't measure" should we desire to break out of the vicious circle. Although the BLS cannot exist without "community" counting, the latter is also critical for, namely, socio-economic, anthropological and medical research. "Kisa bebet" which does not distinguish between Kreol (Afro-Mauritian), Indien (Hindu), Blan, Milat (Euro-Creole), Mizilman, Sinwa and Madras (Tamil))? It is also critical that each citizen recognizes herself in each "box".

There will always be outliers who will not relate to any "box" either because, according to their self-image, Karl Marx, Che Guevera and Rosa Parks would embody them more faithfully or because the feeling "in-between" prevails. The categories "other", Pomien (identifying gleefully or unwittingly with Pays d'outre-mer - an extension of DOM-TOM), Don Quixote or Coconut are out of place. Maybe "métis" could "fit"? On the other hand, castes and sub-castes are to be avoided. What is certain, nothing must go ahead with consensus built within the political oligarchy exclusively. But in consultation with all stakeholders to come up with a thoughtful and flexible list for the vast majority of citizens. 

Pro-BLS voices are not necessarily sectarian. Otherwise Martin Luther King for example would have been a "communalist". They merely translate the failure of the BLS to live up to its mission even after 50 years. For various reasons, not everyone has the same anthropological profile. An affirmative action serves precisely to compensate for this discrepancy. However, a key clause went missing: the mechanism must be time barred in order to instill an incentive to harness policies that reduce discrimination and promote a sense of purpose. There is nothing reactionary about the BLS integrating the process of Mauritius-building. But, in similar vein as for the quota or the moratorium, it must not be an end in itself.

Sordid shortcuts always arouse painful polarisation. Disenchanted Mauritians follow the global trend. Lately most of us have been voting by default for lack of credible alternative. According to the president of the Chinese Chamber of Commerce, the Sino-Mauritian population in Mauritius has almost halved to 12,000 and there is no indication that the shrinking is abating. If a "community" that has the reputation of being proactive does not really feel insider of the system and chooses to emigrate, is it not because there is a "malaise" that is worryingly "mauricien"?

Tribalism is rampant beyond ethnicity and religion. Together, the political oligarchy, its godfather the economic oligarchy and their spin doctors constitute a sinister carrier of smokescreen which acts like a daunting obstacle to change. Rarely its engine. We can no longer pretend not to hear the anger of Mauritians. But are we listening? "Reform", be it electoral, economic, educational or anything else is henceforth akin to "galimatias" and sham.

Friday, August 17, 2018

Sur la voie rapide vers l’anarchie

Allons-nous nous morfondre jusqu'à ce que la mort nous sépare avant que les peines ne correspondent aux crimes de conduite dangereuse et en état d’ébriété, aux jets de pierres sur les voitures, au carjacking, aux cambriolages armés avec ou sans violence ou à toute autre atteinte à notre existence, directement ou indirectement? 

Ce serait sans doute les fruits d’un autre miracle que de croiser un résident, un citoyen ou un visiteur qui affirmerait ne pas appréhender des abus, des agressions et des dangers potentiels, qu’ils soient perpétré à l’intérieur ou à l’extérieur de chez soi. Compter uniquement sur ce qui est répercuté viralement, ou recourir à une punition sévère dans un vide ou encore une interdiction totale (vraisemblablement notre méthode fétiche), pour renverser le schéma serait absurde.

Les “nudges” subconscients, ces mécanismes conçus pour modifier sournoisement nos comportements, ont tendance à être plus efficaces que les campagnes de sensibilisation.Pour Biju Dominic, PDG du cabinet Final Mile, même un “nudge” sous la forme d'un changement de nom peut fonctionner. "Lorsque vous l’appelez l’autoroute express Mumbai-Pune, elle donne l’impression d’une invitation à appuyer à fond sur le champignon."

Rares sont les voix à avoir signalé la pagaille à venir dans le sillage de la course mondiale folle vers le bonheur matériel et éphémère depuis les années 1980. Si certains pays ont réussi à contenir les séquelles évitables, nous avons malheureusement échoué lamentablement. En fait, le rule of law, le fondement même de toute société qui fonctionne, s’est affaibli considérablement et la plupart de ceux qui sont censés défendre l’essence de nos institutions et donner l’exemple ont abdiqué.

Ainsi, la primauté du droit a fait lentement mais sûrement la place à la primauté des privilèges, petits et grands, où l’anarchie grandit simultanément avec le sentiment de ne pas être “surveillé” de manière juste et cohérente. Inévitablement, les ravages systémiques suivent et sévissent. La road rage étant l'un des symptômes ayant un impact dévastateur. Personne n’est épargné. Même ceux en plein délire ou se croyant invulnérables se feront rattraper. Cela dit sans médisance aucune.

Un ultime rappel: nous n’aurons que nous-même à blâmer si nous nous abstenions de harceler nos dirigeants afin qu’ils mènent une vie de tolérance zéro à l’égard de leurs propres conneries. D’ailleurs, le sens civique est un élan réciproque qui booste notre taux de dopamine et a un effet bénéfique certain sur notre mental comme sur la société dans l’ensemble. Et si nous commencions par “de-friender” le nombrilisme et tous les virus qui s'en nourrissent?