Thursday, January 7, 2010

Costa Rica Just Does Not Fake It

What images would you associate Central America with? It would be rather unusual that endless jungle ambushes between narco-guerillas do not reel off. And how would you appreciate the findings of New Economics Foundation, a think-and-do tank, that the region also boasts a country with the happiest people in the world? Costa Rica, dubbed the Switzerland of Central America, does indeed top the "Happy Planet Index" which aggregates happiness, longevity and environmental impact. It is unfortunate that Mauritius is not among the 143 nations surveyed.

By contrast with its war-torn neighbours, Costa Rica dissolved its armed forces in 1949 and instead invested heavily in education. Not only have Costa Ricans become more conversant in English language - the global lingua franca -, their country is also a leading exporter in micro chips. In addition, the far-sighted leadership has converted its gorgeous lush environment into a competitive asset.

A carbon tax was introduced in 1997 and Miravelles geothermal power plant became operational in 1994. The Environmental Performance Index, compiled jointly by Yale and Columbia Universities, places Costa Rica at No. 5 in the world. Mauritius ranks 58th. Costa Rica is an eco-tourism pioneer which is now cashing in on its pristine beaches and national parks. The "greenest" country in the world is also a reputed medical hub.

Another aspect of Costa Rica's breakthrough that deserves kudos is how remarkably policies implemented have contributed to close the gender inequality gap which is a critical component in national empowerment, welfare and stability. World Economic Forum's gender gap index ranks Costa Rica at the 28th position, above 51st France for instance despite all its posturing, while Mauritius trails at No. 85. Currently, 40% of the members of Costa Rica's Legislative Assembly are women.

Costa Rica is not heaven on earth. Even if it has done relatively well in terms of containing poverty it urgently needs to curtail its gaping income inequality and reverse its inflationary economic expansion. Cross-country comparisons rarely do not trigger heated debates. However, Costa Rica's experience proves yet again that hallucination is the refuge of short-termist politicians while vision is the hallmark of truly great leaders.

Wednesday, January 6, 2010

The Scar-Spangled Banner

"We’re not smart as a nation. We don’t learn from the past, and we don’t plan for the future. This is a society in deep, deep trouble and the fixes currently in the works are in no way adequate to the enormous challenges we’re facing.

What’s needed are big new innovative efforts to fashion an economy that creates jobs for all who want and need to work. Just getting us back in fits and starts over the next few years to where we were when downturn began should not be acceptable to anyone. We should be moving now to invest aggressively in a new, greener economy, with the development of alternative fuels, advanced transportation networks and the effort to restrain the poisoning of the planet. We should be developing an industrial policy that emphasizes the need to regain the manufacturing mojo, as tough as that might seem, and we need to rebuild our infrastructure.

The fault lies everywhere. The Government, the Opposition, the news media and the public are all to blame. Shared sacrifice is not part of anyone’s program. Politicians can’t seem to tell the difference between wasteful spending and investments in a more sustainable future. There is a constant din of empty yapping about everything. Voters are primed at the beginning of every new mandate for fundamental changes that would have altered the trajectory of life for the better. Politicians of all stripes, many of them catering to the nation’s moneyed interests, fouled that up to a fare-thee-well".

I swear few Dodolanders would not relate to this "uneasy feeling" expressed (in an edited version above) by New York Times' alert columnist, Bob Herbert. If the United States is feeling the pinch of global capitalism, I wonder for how long can we afford watching reality through tainted lenses.

Tuesday, January 5, 2010

Interview de Mauritius Times en juin 2007

Mauritius Times: Le ministre des Finances présente son second budget vendredi prochain. Il dit qu’il n’est pas magicien mais il a probablement une meilleure marge de manœuvre cette année-ci pour s’assurer que les classes démunies et moyennes ne vont pas de mal en pire. Qu’en pensez-vous ?

Samad Ramoly: Tout d’abord, je tiens à situer le contexte de l’action gouvernementale. Si on se fie à certaines voix catastrophistes, la concurrence internationale ne débarque chez nous qu'aujourd'hui et elle nous touche de manière plus brutale que d’autres pays. Bien qu’elle soit plus agressive maintenant, la tendance vers plus de libre-échange, donc moins de protectionnisme, était une évidence depuis longtemps. Sauf que nous nous sommes endormis, croyant, naïvement peut-être, que la générosité de nos “pays amis” est sans limite. Le plus grand drame est que nos gouvernements successifs n’ont pas su profiter du “feel-good factor” de notre “Roaring Eighties” pour déconstruire notre modèle de développement, identifier nos faiblesses ainsi que nos atouts et, plus concrètement, appliquer des mesures qui nous permettent de nous positionner par rapport à l’avenir. La tâche est beaucoup plus ardue maintenant que la crispation est quasiment généralisée. Le gouvernement actuel hérite certes d’une situation peu enviable. Mais s’il est au pouvoir, c’est bien pour apporter des solutions à nos problèmes. En tout cas, la recherche systématique du bouc émissaire est loin de démontrer les aptitudes requises. Je me sens moins interpellé par ce qu’un gouvernement dit que par ce qu’il fait. Pour revenir à votre question, je pense que si le gouvernement, car il s’agit du budget du gouvernement et non pas seulement celui du ministère des Finances, est suffisamment créatif, il saura jauger les enjeux et recentrer son approche – dans l’hypothèse qu’il ait fait son autocritique. Je trouve aussi réducteur de ramener l’action gouvernementale au seul discours du budget. Le pays a besoin d’un gouvernement qui réfléchit et agit sans arrêt dans l’intérêt général tout en accompagnant les plus vulnérables de notre société, pas les mieux lotis. Notre compétitivité dépend effectivement de notre capacité à réformer tous les secteurs sans distinction. Réformer ne peut être une action ponctuelle mais une démarche dynamique car le temps pendant lequel nous modifions quelque chose, la mondialisation impose d’autres contraintes ou crée d’autres opportunités.

* M. Sithanen a également affirmé qu’il allait se ridiculiser s’il ne maintenait pas le cap de la réforme enclenchée l’année dernière, et que de toutes façons il n’y a pas d’autres d’alternatives. Est-ce aussi votre avis?

-- Ce serait ridicule pour un gouvernement qui veut “réformer” mais qui n’entend pas “réformer” sa méthode et qui finalement aliène pratiquement tous les stakeholders. Aucune personne dotée d’un minimum de bon sens ne contestera le fait que, pour intégrer un environnement en mutation constante, il faut absolument se transformer pour s’adapter. Par contre, prétendre qu’il y a une seule alternative pour y arriver relèverait paradoxalement de la magie. La situation est bien entendu beaucoup plus complexe que cela. Une situation de crise exige un leadership éclairé. Or, que voyons-nous ? Quelques mesures qui suivent les recommandations conventionnelles et insipides du Fonds monétaire international. Il ne faut pas oublier que l’argent que cette institution nous prête appartient à des contribuables américains, européens, etc. Donc, elle doit s’assurer que le remboursement soit sécurisé. Cela dans une perspective de court à moyen terme, pas de long terme. Et quelle est la voie la plus expéditive? Taxer au maximum les contribuables des pays-clients de cette “Aid Industry” pour remplir les caisses de l’Etat bien sûr! Il ne serait pas exagéré de postuler que le gouvernement peut réduire drastiquement ses dépenses s’il s’attelle vraiment à allouer judicieusement nos ressources financières. Sans une discipline fiscale rigoureuse, par rapport aux différents contrats d'approvisionnement ou de développement entre autres, le citoyen-contribuable et l’Etat-Providence seront les victimes expiatoires pendant longtemps encore.

* A quoi s’attend-on ? Qu’il dévie par rapport à la taxe sur les propriétés, la taxe sur les épargnes, la réduction des bénéfices aux petits planteurs et la taxe sur les grosses fortunes, bref ce qui a provoqué un profond malaise l’an dernier. N’est-ce pas ?

-- Je pense sincèrement que presque partout où le gouvernement intervient il y a une propension à mettre la charrue devant les boeufs. Est-ce parce que le vent du sanzman s'est transformé en vent de panique? Est-ce le reflet d’un manque de volonté ou de compétence? Je n’en sais rien. Ce qui est clair toutefois, c’est que le gouvernement est incapable d’introduire des mesures qui suscitent l’adhésion des stakeholders dans son ensemble. Pourquoi les gens résistent-ils autant alors que le gouvernement prétend agir dans leur intérêt? Aussi longtemps que le gouvernement ne se pose pas cette question, je ne vois pas comment nous avancerons. Il est fort probable que les Mauriciens perçoivent, à juste titre le plus souvent, que le gouvernement leur impose arbitrairement ses politiques. Ils semblent avoir intériorisé un mépris de la part de nos gouvernements successifs. Tout cela n'est pas irréversible mais je vous le répète : il y a l'urgence d'un leadership capable d'interpréter intuitivement le comportement des différents acteurs, de leur expliquer pourquoi il faut changer leurs mentalités, de leur montrer la destination où nous voulons aller, de leur exposer clairement, sans relâche comment nous y parviendrons et plus fondamentalement tracer la voie et créer le climat propice tout en donnant l'exemple. Bref, il faut manage le changement.

* Le ministre des Finances dous dit aussi que consolider les réformes (se préoccuper des problèmes économiques et structurels liés au déficit budgétaire et à la dette publique) prendrait au moins 5 à 6 ans ; entre temps une nouvelle configuration économique aurait émergé ! Comment y réagissez-vous ?

-- Je peux comprendre qu'il y ait beaucoup de blocages systémiques mais nous avons accusé trop de retard pour nous fixer un objectif aussi lointain. Là-dessus il n'y a pas d'autres alternatives; il faut prendre les taureaux par les cornes. Ce gouvernement est au pouvoir depuis deux années et je ne pense pas que le public en général est impressionné par la lutte qu’il aspire à livrer contre les largesses, le gaspillage et la corruption. La transparence doit être de mise mais la loi sur la “Freedom of Information” se fait toujours attendre. J'espère aussi que le gouvernement va promulguer une loi pour réglementer le financement privé des élections avant la fin de son mandat. Le Chili est cité en exemple pour sa législation “révolutionnaire” dans ce sens tout comme dans l'allocation des contrats publics. Ce serait aussi très important de passer par des appels de candidature pour n’importe quel poste “executive”. Ceux qui sont appelés à occuper ces postes ou ceux de “chairman” selon les régimes en place devraient démissionner dès que la date des élections est annoncée, quitte à retrouver les postes après.

* Les négociations Govt/MASPA concernant les terres sucrières et l’actionnariat dans l’industrie sucrière (impliquant les petits planteurs, laboureurs, artisans), sont censées ouvrir la voie à ‘a new economic partnership). Comment devrait être cette composante de distribution ou de parité pour atteindre les objectifs économiques à court ou long terme ?

-- L'ouverture de l'actionnariat et l'equity participation des employés et d'autres partenaires dans n'importe quelle entreprise sont des incitations essentielles à l'identification de toutes les parties dans un projet commun. Je vous avoue mon incapacité à vous proposer mon avis sur l'aspect plus technique. Mais je ne pense pas que ce soit vraiment démocratique que l’Etat choisisse de favoriser une compensation disproportionnée à un secteur par rapport à un autre. Les entrepreneurs et les employés d’autres secteurs en difficulté, sont-ils moins citoyens? Les ouvrières de la zone franche par exemple qui sont laissées à elles-mêmes après plusieurs années de dur labeur. Les gens ne protestent pas contre les discriminations subtiles qu’ils subissent au quotidien, mais ils finissent par exploser lorsqu’ils ne canalisent pas physiquement leur frustration.

* Ces négociations sont vues comme le fondement vers une modernisation de l’économie. Est-ce que le transfert des terres et la parité sont des conditions suffisantes et essentielles pour cette modernisation ?

-- Je ne suis par sûr que la base même de ces “négociations” soit la plus pertinente. Si nous voulons vraiment moderniser, il faudrait penser de manière plus globale. Notre superficie est trop limitée pour concevoir une stratégie autour du seul secteur sucrier, ou cannier peu importe. D'ailleurs notre économie est aujourd'hui nettement plus diversifiée qu'il y a une trentaine d'années. Il faudrait d'abord savoir où nous voulons aller et définir clairement nos aspirations. Bien ! en essayant de décoder, nous voulons créer une île intelligente qui s'articule autour du tourisme, de la technologie informatique, du service financier, d'un secteur manufacturier agro-alimentaire, de ressources marines ou autre etc. Notre stratégie future et l'aménagement de notre territoire devraient plutôt s'articuler autour de tous ces secteurs aussi bien qu'autour de nos futurs besoins d’infrastructures, sociaux et de loisirs. J'estime d'autre part qu'il aurait été plus efficace d'utiliser le fond européen d'accompagnement dans cette optique. Il est dommage que le projet laitier Creambell tombe à l’eau. Souhaitons que le projet puisse trouver un autre promoteur. Face à la concurrence internationale, nous n’avons pas d’autres options que de cibler les marchés niches. Cependant je n’arrive pas à comprendre pourquoi le gouvernement encourage la culture hydroponique alors que dans nos marchés potentiels le mouvement “Slow food” de Carlo Petrini se répand, suscitant ainsi une demande croissante pour les produits plus bio et moins aseptisés.

* Prévisions nécessaires ( en matière de politique gouvernementale), et dialogue indispensable (entre le gouvernement et le secteur privé), comme le souhaitaient les représentants de JEC ont été approuvés par le ministre Sithanen. Considéreriez-vous le gouvernement d’avoir été imprévisible ?

-- Il serait injuste d'attribuer le manque de prévisibilité dans l'action gouvernementale au gouvernement présent uniquement. Je suppose que ceci perdure par déficit d'anticipation et de vision pour orienter le pays. N'empêche que, dans le fond, le manque de prévisibilité affecte grandement notre compétitivité dans la mesure où il plombe la prime de risque d'une entreprise. Il exacerbe aussi la crise de confiance des particuliers. Ceux qui avaient souscrit à des placements financiers et immobiliers ou des polices d'assurance pour bénéficier des abattements fiscaux savent de quoi je parle. Pour ce qui est du “dialogue”, je pense aussi que le gouvernement doit maintenir une communication avec tous les stakeholders. En ce qu'il s'agit du dialogue que prône le JEC, j'ai du mal à le cerner. S'agit-il du genre de dialogue qui influence les policies pour satisfaire des intérêts spécifiques? Si c'est le cas, cela évoque plus le “crony capitalism”. C'est peut-être ce “dialogue” qui a isolé et refroidi Suzlon, leader mondial dans le domaine de l'énergie éolienne, qui était disposé à investir chez nous avec des capitaux propres sans quémander le moindre privilège mais au nom de l'entrepreneuriat. J'estime qu'il n'est pas trop tard, que le Premier ministre toujours utilise sa touche personnelle pour prier New Delhi de convaincre Suzlon à re-activer son implantation. Cela permettrait aussi d'encourager la concurrence, pour le plus grand bonheur des chantres de la “passivité” de l'Etat, n'est-ce pas, et pourquoi pas, rendre caducs les accords signés en catimini. Les ménages et les entreprises auront ainsi une possibilité de constater la véritable “vérité des prix”. Je me demande au nom de quelle logique, surtout en pleine mondialisation, devrons-nous nous culpabiliser lorsqu'une société étrangère mais plus citoyenne et performante conquiert une part du marché monopolisé par une société mauricienne, disons manifestement moins citoyenne et performante, pour rester politiquement correct. Je pense que le JEC serait plus sage de lancer une séance de brainstorming afin de méditer sur le lien entre sa “représentativité” et la multiplication des Chambres de commerce ethniques et les milliers d'entrepreneurs, petits, moyens, gros, locaux, étrangers, noirs, marrons, blancs ou jaunes qui s'affairent à fructifier leurs business sans tambour ni trompette en démarchant des clients niches localement et à l'extérieur.

* Quelques porte-paroles du secteur privé s’étaient plaints de démarche imprévisible de la part du gouvernement mais il semble bien que les initiatives du gouvernement soient stratégiques : requête pour des terres sucrières, ouvertures des groupes industriels sucriers aux planteurs et fonctionnaires et bientôt « Competition Bill « et « Equal Opportunities Bill ». Y voyez-vous un fil conducteur ici ?

-- J'entrevois un gouvernement qui se montre incohérent dans la formulation de ses politiques. Une telle approche le retranche dans une posture qui le pousse à être réactif. Si ses politiques étaient mieux ficelées et s'il était proactif, il aurait pu éviter d'être bêtement critiqué pour une “politique vengeresse”. Pour ce qui est de la “Competition Bill” et l'”Equal Opportunities Bill”, j'ai peur que, si elles sont appliquées de manière zélée dans l'espoir légitime de réguler les marchés afin de prévenir les déséquilibres qui pourraient dériver d’un “laisser-faire” excessif, elles risquent d'être contre-productives. Aussi ne suffit-il pas d'avoir des lois, encore faut-il avoir des personnes compétentes et intègres pour siéger au sein des commissions régulatrices. Il serait souhaitable d'avoir recours à l'expertise étrangère, des Canadiens par exemple qui ont le régulateur de la concurrence parmi les plus respectés, pour assister leurs collègues mauriciens. Par contre le gouvernement a raison de ne pas “dialoguer” avec les entrepreneurs sur la “Competition Bill”. Ce qui épargnerait certains secteurs d'être “exempted” comme c'était le cas avec la première copie sous le gouvernement précédent. Qu'un homme d'affaires peu scrupuleux tente d'amadouer des personnes du gouvernement pour détourner les policies en sa faveur est certes condamnable, mais ce qui est plus dramatique c'est lorsqu'il y parvient et que cela se banalise. Quand l'Etat ne joue plus son rôle d'arbitre, toutes les dérives sont possibles.

* Des experts suggèrent que la démocratisation de l’économie ne devrait pas être notre priorité en cette phase de transition économique, et que la concentration du pouvoir économique est partout prévalente. Votre opinion ?

-- A quoi sert-il de s’attarder sur des opinion spinners qui sont tellement immergés dans leur statut de groupies qu’ils ne se rendent même pas compte des énormités qu’ils débitent? Par contre je peux comprendre ceux qui ont du mal à suivre la rhétorique gouvernementale. Pour moi le gouvernement aurait dû s’inspirer du Remaking Singapore Committee (RSC) et du Economic Review Committee (ERC). Le RSC est chargée de stimuler une interaction entre le gouvernement, le monde des affaires et la société civile. Il consiste de plusieurs comités et sous-comités où siègent des personnes de différents horizons et plus essentiellement des représentants des ministères clés. Les différentes perspectives qui se confrontent permettent de faire remonter des informations du monde réel. Les suggestions sont ensuite intégrées aux recherches de l’ERC qui formule les stratégies économiques de Singapour. Ainsi la Commission de la démocratisation économique, l’Empowerment Committee et le NESC fusionneraient en une seule entité qui serait en liaison avec une policy unit composée de cerveaux capables de véritablement “think outside the box”. Sans un plan d’action et une synergie entre tous les stakeholders et tous les ministères je ne vois pas comment nous pourrons ré-inventer le pays. Nous ne pouvons pas continuer à nous comparer à des pays qui sont dans une plus mauvaise posture que nous. Au contraire nous devons nous frotter avec les meilleurs dans tous les domaines. L’excellence est la seule voie.

* Au fait, le temps n’est-il pas propice pour le gouvernement pour négocier un “new deal” avec le secteur privé, cela en vue de créer un secteur privé plus dynamique et ouvert à un plus grand nombre d’entrepreneurs?

-- Au lieu de débattre sur la justesse de la démocratisation économique, je pense qu’il serait plus approprié de promouvoir la liberté économique. Il faudrait d’abord veiller à ce que les entrepreneurs évoluent tous sur un level playing field avec des règles bien définies qui ne changent pas du jour au lendemain. Je pense que seulement ceux qui ne jurent que par des rentes de situation qui y verront un inconvénient. Comment peut-on “démocratiser” avec une croissance inflationniste? Il est réconfortant d’avoir enfin un gouverneur de la Banque centrale qui semble avoir compris que dans une économie ouverte la depreciation-bias est suicidaire et que la stability-bias, sans être une panacée, est une condition primordiale pour stimuler un cycle vertueux. Comment encourager l’innovation lorsque la propriété intellectuelle n’est pas bien protégée? Comment faciliter les opérations avec une bureaucratie aussi lourde et un marché des capitaux si peu aventureux? La concurrence est le meilleur moyen pour favoriser l’émergence d’un marché dynamique. Comme elle n’est jamais pure, il faut repérer les incentives et disincentives qui encouragent et découragent la compétition et l’ouverture. Prenons le cas d’un secteur porteur: le tourisme. Les spécialistes s’accordent sur un point, le package all-inclusive n’est pas une motivation pour le touriste pour dépenser en dehors de l’hôtel. Comment lui donner une incitation pour acheter son billet d’avion séparément de son bed & breakfast? S’il part de Paris par exemple, il se rendra compte qu’il n’y a pas une grande différence entre acheter son billet séparément de son package ou acheter le all-inclusive. Ce qui sous-entend qu’il y a un écart important entre le prix de gros et le prix au détail du billet d’avion. Depuis l’arrivée d’autres lignes sur le marché, avec des offres plus alléchantes, les hôteliers ont naturellement changé d’allégeance. Les résultats des groupes hôteliers et Air Mauritius parlent d’eux-mêmes. En réduisant l’écart entre le détail et le gros, Air Mauritius pourra davantage capter la clientèle grandissante qui “click and hop”, il peut aussi entraîner plus d’achats bed & breakfast. D’autre part, si les rumeurs qui circulent à l’effet que Emirates, qui ambitionne à devenir le numéro un mondial, serait intéressée pour acheter des actions au sein de Air Mauritius sont fondées, je pense que Air Mauritius doit saisir cette opportunité avant que son pouvoir de marchandage ne s’effrite trop. De telles alliances avec aussi, pourquoi pas, Cathay Pacific (Extrême-Orient) et Easy Jet (intra_Europe) augmenteront les possibilités de connexion en plus d’être une aubaine en termes de transfert de savoir-faire.

* Dans une récente interview, Rajiv Servansingh, ancien secrétaire général adjoint à la Chambre de Commerce, a formulé cette requête : la mise sur pied d’un « market for corporate control », c.a.d., des institutions régulatrices en vue de la transparence et des pratiques compétitives sur le marché, et que le gouvernement consolide sa capacité humaine et institutionnelle -- ceci pour créer une économie dynamique et compétitive. Pensez-vous que nous pouvons atteindre ces objectifs essentiels d’une autre manière ?

-- Je partage ce point de vue. La réussite d’un pays dépend de la capacité de ses dirigeants à satisfaire les exigences de ces trois axes: la confiance, la connexion et la récompense. Il suffit qu’un seul axe soit négligé pour que le système vacille. La confiance s'installe lorsque les institutions garantissent une rule of law suffisamment forte afin que les résidents soient convaincus que leurs droits sociaux et économiques sont bien sauvegardés. Cela concerne la police, le judiciaire, les instances régulatrices, le parlement, etc. Le rapport du NESC nous rafraîchira la mémoire bientôt. La connexion se réfère à l'accessibilté et la fluidité des différents réseaux qui permettent aux résidents de se connecter entre eux et avec l'extérieur, d'avoir accès aux services essentiels etc. Cela concerne l'aéroport, le port, les routes, les lignes téléphoniques, les moyens de transport, la fourniture d'eau et de l'électricité, l'éducation, etc. Dans ce domaine la demande a été larguée par l'offre au fil des années. Le gouvernement devra agir beaucoup plus vite pour combler ces inadéquations si nous ne voulons pas être complètement débordés par la mondialisation et l'arrivée de deux fois plus de touristes. La démotivation de nos ressources humaines est très inquiétante. Elle démontre entre autres que l'effort consenti n'est pas assez récompensé. Comme quoi vouloir la croissance économique à tout prix sans se soucier de la monopolisation des ressources peut nous mener dans une impasse ! Pour revenir à l'ouvrière de la zone franche, sans doute l'emblème du “mirage mauricien”, elle qui disposait pendant ses premières années d'un revenu disponible en tant que célibataire habitant chez ses parents se retrouve aujourd'hui mère de famille avec un revenu inlassablement grignoté par l'inflation importée. Pour corser sa dignité, parce qu'elle ne souhaite plus travailler dans de telles conditions, on la traite de tous les noms tout en la remplaçant par des ouvrières étrangères. Il faut espérer que le nouveau modèle de développement qu'on nous promet soit disons moins cruel. Selon Jack Welch, l'ancien patron de General Electric, dans tout système 70% des gens sont disposés à s'embarquer sur un projet, du moment qu'ils sont convaincus de son authenticité. 10% sont des agents du changement qui prennent l'initiative pour faire évoluer les choses. Les 20% restants font partie d'une force conservatrice qui milite pour le statu quo tout en se parant de l'uniforme du soldat car le système vicié sert leurs intérêts. Jack Welch recommande à tout leader éclairé de les identifier et de les chasser car ils finiront par corrompre tout le système. Les proportions peuvent certes varier selon les contextes mais la vigilance citoyenne doit rester de mise afin de diluer les énergies corporatistes et de s'assurer que nos gouvernements soient toujours lean, clean et green.