Tuesday, April 28, 2020

No Logo : Plus valable que jamais !

En 1999, la sortie du livre « No Logo: la tyrannie des marques* » de la militante Naomi Klein a mobilisé les rebelles du capitalisme version sauvage. Le groupe maintenant culte Radiohead a capturé l'engouement pour diffuser son expérimentation mélancolique parmi de nombreux milléniaux, la génération actuelle de 25-39 ans. Comme prévu, le livre a attiré la colère des fondamentalistes du marché libre. Il est également devenu un des livres phares des alter-mondialistes.

En substance, "No Logo" nous met en garde contre la façon dont nous avons été subtilement transformés en "panneaux d'affichage ambulants" des marques de mode de vie. Tout en alimentant la surconsommation de produits et de services ostentatoires, ce phénomène a véhiculé, entre autres, une concentration spectaculaire des richesses, une dégradation de l'environnement, des problèmes de santé et une crise existentielle. COVID-19 a entraîné une réévaluation du mode de vie que la plupart d'entre nous ont adopté sans aucune résistance dans pratiquement tous les milieux. "No Logo" devrait être relu ou découvert si vous l'avez raté.

Slowbalisation

 La rivalité entre les partisans de la croissance et ceux de la décroissance est la conséquence naturelle dans un contexte où la mondialisation engendre dangereusement plus de perdants que de gagnants. Cependant, ce qui est en jeu, c'est la dépendance excessive des nations à l'égard des multinationales et des conglomérats (Big Business) qui, à travers un lobbying intense, dictent les conditions dans lesquelles les politiques locales et mondiales sont définies, tout en façonnant notre mode de vie. Il faut que l'économie de marché repose sur un leadership pro-marché, et non sur un suivisme pro-Big Business qui se nourrit de la corruption. La création d'un cycle vertueux dépend de comment les médias grand public veillent sur les agissements des gouvernements aussi bien que le Big Business; comment le chien de garde de la concurrence minimise la formation des monopoles et des cartels, et comment la brigade anti-corruption optimise sa mission.

COVID-19 est un cours intensif sur notre degré interdépendance, non seulement émotionnellement, mais aussi pour maintenir nos moyens de subsistance. Ce n'est pas la mondialisation en soi qui perturbe notre bien-être, c'est plutôt l'insouciance des catalyseurs de son expansion aveugle et les valeurs négatives qu'elle véhicule. Les voitures flashy, les marques de restauration rapide, les produits de luxe, par exemple, sont sensés incarner notre ascension sociale. Afin d'amortir l'impact de cette dérive sur notre santé mentale, une industrie du mieux-être a vu le jour. Il est très peu probable que les sessions de «mindfulnesss» et de coaching puissent seuls soulager le stress et l’anxiété de manière soutenable.  Seule une révision systémique peut aspirer à inverser le processus toxique.

Il est fantaisiste de s'attendre à une croissance du PIB (produit intérieur brut) qui repose sur un assaut permanent contre la roupie; qui fait de la création d'emplois dans un paradis fiscal une preuve de "démocratisation économique"; qui incite à l'investissement étranger direct par le biais du développement immobilier pour les étrangers (et décourage simultanément la souveraineté alimentaire et tue brutalement les projets de logement à mesure que les prix des terres explosent); qui attire les citoyens en détresse dans l'arène des paris; qui fétichisent les diplômes validés par l'aptitude à l'apprentissage par cœur au lieu de privilégier les compétences motivées par des facultés cognitives aiguisées; puisse invariablement motiver le capital humain face à une concurrence mondiale folle.

En tant que pays en mode «rattrapage» avec de surcroit un minuscule marché intérieur, qui doit se connecter au mouvement mondial pour rester à flot, nous ne pouvons pas nous permettre une décroissance du PIB. Ce qui est souhaité, c'est la décroissance des politiques qui stimulent le siphonage du PIB et les inégalités, et, en contrepartie, la croissance des politiques qui visent à intégrer tous les citoyens et à les récompenser équitablement. La valeur de la croissance est dans sa qualité, pas dans le nombre.

La réplique

Actuellement, quelques pays tels que l'Allemagne, l'Islande, la Corée du Sud et Singapour (GICS) sont loués non seulement pour la façon dont ils ont construit un écosystème qui font face si efficacement au COVID-19 et comment ils vont contribuer à rebondir si efficacement. Notre réalité est fondée sur un écosystème qui n'est même pas assez robuste pour s'adapter aux cyclones et aux sécheresses récurrentes. Prospérer sur d'autres chocs serait un fantasme.

Nous ne sommes pas encore vraiment dysfonctionnels. Nous parvenons toujours à nous en sortir d'une manière ou d'une autre, hélas de plus en plus marqués, car nous ne manifestons aucune envie d'apprendre et de nous améliorer. Voici quelques traits dominants des GICS: l'approche est ancrée dans le monde réel et est toujours systemique, les idéologies et les débats pédants ne sont pas les bienvenus; seules les idées pertinentes au contexte sont validées; la technocratie n'est pas une fin en soi; pas de Coronalibi ou son équivalent pour masquer l'incompétence.

 Les GICS souscrivent à l'ordre libéral. En revanche, ce n'est pas selon la formule cogitée à la station de ski de Davos ou à l'hôtel de Bilderberg, si vous vous posez la question. Mais selon la sagesse d'Adam Smith exprimée dans Théorie des sentiments moraux et La richesse des nations (qui doivent être lus ensemble pour imprégner un message cohérent): l'intérêt général découle de la quête de l’intérêt personnel, aussi longtemps que ce dernier soit éclairé (une nuance presque jamais mise en évidence).

Bien sûr, comme l'Allemagne et l'Islande d'une part, la Corée du Sud et Singapour, d'autre part, comme elles ne partagent pas le même contexte culturel, l'équilibre entre l'individu et la communauté (dans son ensemble) est recherché par deux voies distinctes. Néanmoins, ils choisissent tous de promouvoir un comportement de collaboration, mis à profit par une quête de réciprocité et de confiance dans les institutions. Attention, cela ne signifie pas pour autant que les GICS forment un modèle parfait.

Les milléniaux sont souvent injustement stigmatisés comme une génération de fainéants. Il leur faut beaucoup de force mentale pour rester optimiste dans un monde où se propage généralement des images interminables de l'effondrement de la cellule familiale, des guerres provoquées par la tromperie de masse et leur effet boomerang tout aussi sanglant, l’opulence vulgaire d'un côté et l'extrême pauvreté de l'autre, le déni de la catastrophe environnementale,  donc de l’humanité, etc. La génération Z, associée à la génération des 8-25 ans, semble avoir moins subi de désillusions et semble plus encline à participer à la création d'un monde moins décadent.

Avec COVID-19, deux autres cours intensifs nous ont été imposés: la défidélisation de marques et la frugalité. Les générations plus âgées ont rejoint à la fois la génération Z et la génération Y, parmi lesquelles la frugalité est devenue un mode de vie, même si la proportion dépend du niveau d’avancement  économique  et social des nations, mais cette frugalité survivra-t-elle? Très probablement dans les nations plus avancées économiquement et socialement.

Certains historiens affirment que ces dernières ont atteint le Peak Travel. Maintenant, l'investissement dans une résidence secondaire ne leur semble pas judicieux. Les jeunes générations contribuent à faire d'Uniqlo, le détaillant japonais de vêtements à valeur ajoutée sans logo, le leader mondial. Les magasins de vêtements réutilisés et recyclés y fleurissent. C'est sans aucun doute le début d'une ère plus éthique dans ces nations plus avancées. Si leurs récentes réactions sont une indication, nos capitaines politiques et des affaires ne semblent pas l'avoir remarqué. Plus important encore, ils semblent être restés à l'abri du cours intensif d'humilité. Si Singapour est devenue une référence mondiale, c’est notamment parce que le leadership de Lee Kuan Yew a appris à ses héritiers à "mettre en œuvre correctement les politiques, sans chercher à être politiquement correct". Maurice attend désespérément ce leadership qui puisse inverser l'équilibre tordu toujours en vigueur entre le localisme et le mondialisme qui a coupé nos ailes?

Monday, April 27, 2020

No Logo: Sign of the Times


In 1999 when thinker activist Naomi Klein broke through, her book "No Logo: Taking Aim at the Brand Bullies" gathered a wide following of rebels against unfettered capitalism. The now cult band Radiohead captured the energy to spawn its haunting spleen among many Millenials, today's generation 24-39. As expected, the book attracted the wrath of free market fundamentalists. It also became the book of reference of anti-globalists.

In essence, "No Logo" warns us against how we have subtly been transformed into "walking billboards" of lifestyle brands. While at the same time fuelling over-consumption of conspicuous products and services translated into dramatic wealth concentration, environmental degradation, health issues and existential blow. COVID-19 has prompted a reassessment of the lifestyle most us have embraced without any resistance in practically all quarters. "No Logo" should be re-read or discovered if you missed it.

Slowbalisation
 The growth versus degrowth feud is a natural outcome in a globalisation setting where there are dangerously more losers than winners. However, what is at stake is the over-reliance of nations on multinationals and conglomerates (Big Business), who through intense lobbying, dictate the terms on which local and global policies are implemented, while simultaneously shaping our lifestyle. What must sink in is that the market economy must be built upon pro-market leadership, not pro-big business followership that feeds on corruption. The creation of a virtuous cycle depends on how adequately mainstream media scrutinises the moves of governments and Big Business alike; how the competition watchdog ensures that healthy competition prevails and how the anti-corruption brigade optimises its mission. 

COVID-19 is a crash course on the extent of how interconnected we are, not only emotionally but also in sustaining our very livelihood. It is not globalisation per se that is disrupting our well-being, it is rather the recklessness of the enablers of its expansion and the negative values it promotes. Flashy cars, fast food brands, luxury goods namely are expected to embody our progress. In a bid to cash in on the retail therapy's diminishing appeal, a wellness industry has picked up. It is very unlikely that mindfulness and coaching sessions alone can relieve stress and anxiety sustainably. Only a thoughtful systemic overhaul can reverse the toxic process.

It is fanciful to expect GDP (Gross Domestic Product) growth that rests on a permanent rupee assault; that fetshisises job creation in a tax haven as proof of "economic democratisation"; that incentivises foreign direct investment through property development for foreigners (and simultaneously disincentivises food sovereignty and brutally kills plans for home ownership as land prices explode); that slimily lures distressed citizens into the betting arena; that romanticises degrees and diplomas awarded on rote learning aptitude instead of placing a premium on competence powered by sharpened cognitive skills; to invariably boost the morale of the human capital in the face of insane global competition.

Actually, as a country in "catch-up" mode and with a tiny domestic market that needs to connect to the global bandwagon to stay relevant, we cannot afford GDP degrowth. What is desired is the degrowth of policies that stimulate GDP extraction and inequality, and the growth of policies that aim at integrating all citizens and rewarding them fairly. The value of GDP growth is in its quality, not the number.

Responding to the new "new normal"
Currently, a few countries such as Germany, Iceland, South Korea and Singapore (GIKS) are being commended for not only how they have built an ecosystem that deals so efficiently with COVID-19 and how they are set to bounce back so effectively. Our reality is founded on an ecosystem that is not even robust enough to adapt to recurring cyclones and droughts. Now thriving upon other shocks is not our luck. We are not really dysfunctional yet. We still manage to come out somehow, only increasingly scarred, as we do not demonstrate any urge to learn and improve.  Here are some dominant traits of the GIKS: approach is anchored in the real world and is always holistic; ideologies and pedantic debates remain the preserve of the small-minded; only ideas pertinent to the context are validated and solutions are homegrown; technocracy is not tyranny; no Coronalibi or its equivalent to mask incompetence.

The GIKS subscribe to the liberal order. Not the brand brainstormed at the Davos ski resort or Hotel de Bilderberg should you be wondering. But as per the wisdom of the great thinker Adam Smith as expressed in The Theory of Moral Sentiments and The Wealth of Nations (that should be read together to derive a coherent message): self-interest, of the enlightened variety (a bit that is almost never nuanced), ultimately leads to common good. Of course, as Germany and Iceland on the one hand, South Korea and Singapore, on the other, do not share the same cultural background, the balance between the individual and the community (as a whole) is sought via two distinct paths. Nonetheless, they all choose to nudge a behaviour of collaboration, harnessed by a quest for reciprocity and trust in institutions. That does not mean to suggest that the GIKS are flawless.

 Millenials are often portrayed as a bunch of lazy slackers. That is most unfair. It takes a lot of mental fortitude to stay upbeat in a world that typically spreads endless images of family breakdown, wars spearheaded through mass deception and their equally bloody backfire, lavishness on one side and extreme poverty on the other, environmental disaster, and so on. Generation Z, associated to age group 9-24, seems to have endured less disillusion, and seems more willing to take part in creating a less decadent world. With COVID-19, two more crash courses have been imposed on us: brand loyalty break up and frugality. Older generations have joined both Generation Z and Millenials among whom frugality has become a mainstream lifestyle, even if not in same proportion everywhere as in socially and economically more advanced nations (SEMAN), but will we survive the moment? Very likely in the SEMAN.

 Some historians are already claiming the SEMAN have reached Peak Travel. Now second home investment does not look as gratifying. Younger generations are contributing to turn Uniqlo, the Japanese no-logo value for money clothing retailer, into the global leader. Reused and recycled clothing outlets are flourishing. The SEMAN are undoubtedly kick-starting a more ethical era. If their recent reactions are any indication, our political and business captains do not seem to have paid attention. More critically, they seem to have remained immune to the crash course in humility. Singapore has become a global benchmark namely because the outstanding leader Lee Kuan Yew has groomed his heirs to "implement policies correctly, without trying to be politically correct". Where is the leadership that can reverse the current twisted balance between localism and globalism that has been clipping our wings?

https://www.lemauricien.com/article/no-logo-sign-of-the-times/

Tuesday, April 14, 2020

In the wake of Covid-19

By internalising a development model where the Wall Streets of the world, the price of a barrel of oil and the swings in the price of luxury real estate act, on the one hand, as key benchmarks ​​in structuring public policies, and on the other hand, as a barometer of our well-being, we have transformed ourselves into an echo chamber of the whims and desires of the Growth Addicts, a cynical partnership between Big Business and governments. Social media is still overwhelmingly a platform that “incentivises engagement and disincentivises truth”, as in the words of researcher Gordon Pennycook, to lay out the desired channel for a paradigm shift.
Now that our systemic failures are cruelly exposed by Covid-19, any societal metamorphosis will depend on our awakening and the scale of our reaction. To begin with, we will have to cure ourselves of the virus that has trickled down among the majority of us: FOMO (Fear of missing out). Once embarked in this coveted comfort zone and spiritual void that has enabled some of the most privileged to play God (the means of acquiring an entry visa being irrelevant), it is the feeling of being immune to any harm that has spread simultaneously with the quasi-denial of the pervasive social divide.

As long as this virus plagues our ecosystem, we will have to learn to bear with the expansion of psychological disorders, environmental damage, economic turbulence, and settle for palliative measures to mitigate collateral damage. History, so we are reminded, teaches us that after a catastrophe, the world changes. To what extent the future will tell. Alternately, we must realize that it will be in an era of intensifying geopolitical conflicts and in a climate of mistrust in governments and the mainstream media, multinationals and conglomerates, and "experts".

The time could not be riper to unleash the change agency capable of turning fake messiahs redundant. It is about breaking the chain of despair, dumping knowledge silos and bracing ourselves for a war on status quo. This lockdown is providing us with ample opportunities to ponder a systemic overhaul. The situation is begging for radically modified consumption habits that can potentially alleviate the impact of market failure and reduce our carbon footprints while also contributing to the emergence of a world less toxic. As it is far from granted that after the Covid-19 catastrophe it won't be business as usual for the Growth Addicts, with nothing but a mere rewiring to accommodate the disruption of supply chains and a revamped Corporate Social Responsibility pledge to camouflage greed.