Wednesday, October 30, 2024

Ce flux continu indispensable

Au football, à moins que vous ne soyez aussi doué que Ronaldinho pour les dribbles vous ne pouvez vous permettre de «tuer le ballon ». Ce qui signifie que lorsque le ballon arrive à vous, il doit rester en vie, le faire rouler. Sinon, au lieu de libérer l’espace autour de vous et de déclencher une action vers l’avant avec détermination, vous finissez par mettre une pression énorme sur vous-même et sur toute l’équipe.

 L'instinct le plus créatif pour justement garder le ballon en vie est d'exécuter un «contrôle orienté» ou un «crochet», entre autres – pas forcément avec la grâce de Lionel Messi. Lors de l'Euro 2024, malgré le talent indéniable de certains joueurs, l'équipe d'Angleterre était tellement en proie à la crispation individuelle que les joueurs se contentaient la plupart du temps de recourir au mode « tuer le ballon ». Ils n’ont donc pas pu briller collectivement et être à la hauteur des attentes. 

Les enseignements de l’analogie ci-dessus s’appliquent également à la vie de tous les jours. En termes simples, pour maintenir le flux, efforcez-vous de rester en synergie avec les éléments vertueux et dynamiques. Il s’agit dans un premier temps d’identifier un maximum d’obstacles, la plupart visibles certes mais d’autres moins, et les goulots d’étranglement. Ne pas le faire avec précision, que ce soit au niveau individuel, local ou international, risque de devenir contre-productif dans la mesure où des ressources sont consacrées à une évaluation erronée de la situation.

 Idéalement, une agilité intellectuelle semblable à celle du physicien Richard Feynman pour connecter en flux continu les éléments du système et ce dans une approche inter-disciplinaire serait une aubaine dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques notamment. Plus nous collectons des données en temps réel, plus nous intégrons des variables, plus la prise de décision est judicieuse. En effet, nos peines dans la circulation routière par exemple seraient largement soulagées si l’expertise n’était pas paradoxalement consacrée à déplacer les goulots d’étranglement et à dilapider une part considérable des fonds publics, comme dévoilé sans cesse par le bureau de l’Audit.

 Lorsque cette calamité si dénuée de cohérence traverse l’ensemble de notre vécu, devenant systémique en perturbant les institutions, la logistique, les services publics, l’industrialisation, le savoir-faire, l’écosystème, rongeant l’échelle sociale, les forces réactionnaires se lâchent. Et dans leur sillage, la crispation des ressources humaines conduisent fatalement à une fuite des cerveaux. Des séquelles qui parasiteront n’importe quelle nation pendant des années. Urbanistes et anthropologues, à vous d'intervenir pour isoler les faussaires!