Au
football, à moins que vous ne soyez aussi doué que Ronaldinho pour les dribbles
vous ne pouvez vous permettre de «tuer le ballon ». Ce qui signifie que
lorsque le ballon arrive à vous, il doit rester en vie, le faire rouler. Sinon,
au lieu de libérer l’espace autour de vous et de déclencher une
action vers l’avant avec détermination, vous finissez par mettre une
pression énorme sur vous-même et sur toute l’équipe.
L'instinct le plus créatif pour justement garder le ballon en vie est d'exécuter un «contrôle orienté» ou un «crochet», entre autres – pas forcément avec la grâce de Lionel Messi. Lors de l'Euro 2024, malgré le talent indéniable de certains joueurs, l'équipe d'Angleterre était tellement en proie à la crispation individuelle que les joueurs se contentaient la plupart du temps de recourir au mode « tuer le ballon ». Ils n’ont donc pas pu briller collectivement et être à la hauteur des attentes.
Les enseignements de l’analogie ci-dessus s’appliquent
également à la vie de tous les jours. En termes simples, pour maintenir le
flux, efforcez-vous de rester en synergie avec les éléments vertueux et
dynamiques. Il s’agit dans un premier temps d’identifier un maximum
d’obstacles, la plupart visibles certes mais d’autres moins, et les goulots
d’étranglement. Ne pas le faire avec précision, que ce soit au niveau
individuel, local ou international, risque de devenir contre-productif dans la
mesure où des ressources sont consacrées à une évaluation erronée de la
situation.
Idéalement, une agilité intellectuelle semblable à celle du
physicien Richard Feynman pour connecter en flux continu les
éléments du système et ce dans une approche inter-disciplinaire serait une aubaine
dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques notamment. Plus nous collectons des données en temps réel, plus nous intégrons des variables, plus la prise de décision est judicieuse. En effet, nos peines dans la
circulation routière par exemple seraient largement soulagées si l’expertise
n’était pas paradoxalement consacrée à déplacer les goulots d’étranglement et à
dilapider une part considérable des fonds publics, comme dévoilé sans cesse par le bureau de l’Audit.
Lorsque cette calamité si
dénuée de cohérence traverse l’ensemble de notre vécu, devenant systémique en
perturbant les institutions, la logistique, les services publics,
l’industrialisation, le savoir-faire, l’écosystème, rongeant l’échelle
sociale, les forces réactionnaires se lâchent. Et dans leur sillage, la
crispation des ressources humaines conduisent fatalement à une fuite des
cerveaux. Des séquelles qui parasiteront n’importe quelle nation pendant des
années. Urbanistes et anthropologues, à vous d'intervenir pour isoler les
faussaires!