Thursday, October 28, 2010

A Rebuttal to a Wicked Call

Here we go again, our advocates of reverse affirmative action are exposing their exchange rate fetish. The following is an excerpt from The Economist to debunk the ongoing deception:

"In setting its interest rates, the Federal Reserve worries about growth and inflation. It does not concern itself unduly with the dollar. Policymakers in emerging economies, by contrast, cannot afford that luxury. In countries prone to high inflation, a stable exchange rate helps to anchor prices. Such economies have also usually borrowed in dollars or euros, because their creditors insist on being repaid in hard currency. A precipitous fall in the currency can make these debts insupportable. For these reasons, emerging economies must often raise interest rates in the teeth of a slowdown in an effort to defend their currencies. Rich countries can afford to treat their currencies with benign neglect. Emerging economies cannot".

A country's competitiveness is indeed not a zero-sum game. That is, it does not rest on policies dictated by the whims of fat cats whose wish is to have the cake and eat it. Real competitiveness is the legacy of an environment conducive to productivity gains everywhere. Truly, persistent rupee depreciation acts as the single most pervasive disincentive in the creation of the required synergy. The more so when the manufacturing process has a high import content.

In addition to more competition in the financial sector, the key to slashing domestic borrowing costs, so that they compare favourably with our foreign competitors, is to convince market participants that the rupee is volatility-proof. Interest rate differential is essentially a reflection of risk premium. By the way, is there any good Samaritan to enlighten navel gazers to the fact that, say, euro's behaviour on international markets is not Mauritius-grown?

A downturn is inherent to economic and business cycles. It should be an additional incentive to dump exotic and delusional thinking. The relevance of the response is all that matters and it tests the mettle of leaders in all walks of life.

Wednesday, October 20, 2010

Un divorce douloureux

"In no other country is the elite so willing to let fine phrases overrule hard thinking, to reject the lessons of experience in favour of delusions of grandeur, and to blame it all on someone else"
Paul Krugman


En affublant ainsi le coq gaulois, l'économiste incisif ne s'imaginait manifestement pas qu'un tigre, celui de l'océan Indien, pouvait aussi faire preuve de nombrilisme et de suffisance. Avec une exposition quasi-hégémonique aux médias franco-français, l'infiltration insidieuse de ce syndrome parmi nous est-elle si surprenante ?

Si le constat de bon sens est dépressif, il montre en tout cas que le déclin de la politique, au sens noble du terme, est un problème fondamental. Il serait néanmoins malveillant de l'attribuer au seul gouvernement actuel. Le messianisme promettant officiellement le bien-être pour tous, mais qui cible dans les faits "ceux qui comptent", est un leurre qui a fini par être mis au jour.

Ce mépris a engendré une crise identitaire et un repli communautaire au point d'ethniciser même les Chambres de commerce. Au lieu d'être servi par un leadership qui éclaire simultanément avec des qualités comme la sagesse, la fermeté, la vision et la diligence, nous avons été dirigés, depuis notre indépendance, par des capitaines respectifs qui les incarnent isolément, hélas parmi d'innombrables tares.

Pour évacuer le sentiment d'incompétence et de peur du changement par rapport à une réalité hostile, le recours aux échappatoires fait partie du mécanisme de défense de l'humain. Le discours narcissique, par exemple, est une tentative qui aspire à transformer une période "faste" du passé en mythe, censé générer une fierté.

Or, un développement qui se veut durable requiert une approche critique et globale, capable d'identifier les blocages et de les surmonter. Le taux de croissance économique n'est pas en soi un critère de progrès. En le disséquant, nous constatons qu'il a été drivé par des accords préférentiels, par une roupie inflationniste et, dernièrement, par une bulle immobilière et des dépenses publiques. Paradoxalement, une telle croissance nous a sclérosés. N'en déplaise aux bien-pensants, éblouis par l'artifice, notre développement a été d'ordre infrastructurel et surtout polarisé.

Ce qui compte véritablement c'est le "
trickle down" de la richesse nationale, pas celui de l'autisme en face de la mondialisation. Il est bien naïf de croire que le "feel good factor" éphémère déclenché par un événement populaire ou un regain de croissance dans certains pays développés sont suffisants pour nous sortir de notre désenchantement. Notre avenir se construit, d'abord, chez nous. En toute humilité.

Wednesday, October 13, 2010

Tigre certes mais pas de papier!

Dans les années 1970, Edouard Lim Fat avait suggéré de transformer Maurice en une île duty free.

Si nos gouvernements successifs avaient souscrit à cette vision tout en profitant d’une part, des préférences commerciales pour pallier le déficit de notre situation géostratégique en terme de dynamisme et d’autre part, du boycott international des produits sud-africains sous le régime de l‘apartheid, nous serions aujourd’hui probablement en train de négocier, à l’image de Singapour, des accords de libre-échange avec d’autres partenaires aux quatre coins du monde au lieu de quémander davantage de compensation.

La petite taille de leurs marchés intérieurs ne favorisant pas suffisamment d'économie d'échelle – cette notion relative ne doit toutefois pas être un prétexte pour masquer les inefficiences et crier au dumping face à la concurrence internationale – les cités-Etats doivent impérativement s’ouvrir davantage que les autres sur le monde extérieur pour assurer leur expansion économique. Cela s’est vérifié pendant la Renaissance avec Florence et Venise. Aujourd’hui Dubayy, Hong Kong et Singapour le démontrent. Djibouti se positionne. Maurice ne peut y échapper.

Toute logique d’ouverture additionnelle comporte aussi des risques de dérives additionnels. D’où l’imminence d’un Etat qui optimise l’usage de tous ses rôles. D’abord en tant que régulateur pour assurer une stabilité institutionnelle raisonnable surtout au niveau parlementaire (pour garantir une permanence de l’Etat), légal (propice à une rule of law forte), fiscal (la politique de taxation et la gestion efficace de l’argent des contribuables), monétaire (la Banque centrale) et des garde-fous (la Commission de la concurrence) pour contrer les défaillances inévitables du marché.

Ensuite en tant que facilitateur pour l’aménagement des infrastructures de développement et des mécanismes d’encadrement. Finalement, n’en déplaise aux tenants de la privatisation tous azimuts, en tant qu'acteur (en joint-venture avec des véritables leaders mondiaux quand il le faut) non seulement dans des domaines comme la santé et l’éducation où le secteur privé ne s’aventure pas assez mais aussi dans d’autres segments qui nécessitent des moyens financiers colossaux. La finalité étant d'offrir des prestations «world class» sans évidemment dilapider les fonds publics.

Sans l’intervention de Temasek Holdings, le bras d’investissement de son gouvernement, Singapour n’aurait pu permettre l'émergence des services aéroportuaires et portuaires d’un si haut niveau. Idem pour d’autres services comme les télécommunications, les lignes aériennes, les laboratoires de recherche etc. Dubayy aussi emprunte cette voie. Ceci n’est pas une apologie du dirigisme mais un bémol par rapport à ceux qui, comme l'avait souligné John Kenneth Galbraith, «make their graduate days last a lifetime» et qui sont incapables d’appliquer leur connaissance et leur savoir selon les conjonctures et les contextes.

Pourtant, lors d’une visite il y a plus d’une quinzaine d’années chez nous, Lee Kuan Yew a bien insisté sur le fait que Singapour n’ait aucun modèle à exporter auprès d’une audience impressionnable et avide de formule TINA (There Is No Alternative). Manifestement, le message n’est pas passé si on se réfère à la secte qui s’est formée depuis autour de quelques technocrates messianiques. L'ouverture et la démocratisation économique sont des objectifs gratifiants. Encore faut-il se donner les moyens pour que l'élaboration du programme ne s'apparente pas à une expérimentation motivée par le mimétisme et la médiocrité.

Effets pervers
Quelques initiatives, aussi louables et pertinentes qu'elles puissent être en théorie, ne constituent pas une stratégie. Sans faire preuve de la «lateral thinking» chère à Edward de Bono – c'est à dire la faculté de déconstruire un système pour détecter ses liens intrinsèques et ensuite de développer des solutions créatives pour connecter ces même liens dans un mouvement fluide avec le moins d'obstacles visibles et invisibles possible – nous ne faisons que délocaliser les goulots d'étranglement. Changer de schéma de développement exige aussi que nous nous débarrassions du «syndrome de Palma Road». Vous devez sûrement avoir maudit ces fameux ralentisseurs.

Nous sommes dans une crise systémique et nous ne pouvons plus nous contenter de fonctionner dans l'urgence avec une approche parcellaire sans aller à la source de nos manquements. Face à un monde en mutation permanente où la précarité crée de plus en plus d'angoisse chez les citoyens, l'Etat doit non seulement être un réformateur permanent, il doit aussi avoir suffisamment de charisme pour être coercitif quand il le faut et exprimer de l'empathie pour accompagner la transition.

Comment peut-on envisager davantage d'ouverture économique et de fusionner nos secteurs onshore et offshore pour devenir un centre financier international sans une convergence macroéconomique avec les pays «développés»? Les monnaies de Dubayy et de Hong Kong sont indexées au dollar américain. Alors que la roupie mauricienne n’arrête pas de dégringoler face au dollar américain – elle a perdu plus de 90% de sa valeur en trente années – le dollar singapourien est devenu une monnaie internationale – il a gagné entre-temps 40% avant de se stabiliser.

Il ne suffirait pas de construire des shopping malls (ce qui ravirait certes les promoteurs fonciers) pour que Maurice devienne une plateforme de shopping. En sus des visiteurs, les paradis du shopping puisent une bonne partie de leur clientèle localement. Or, avec un pouvoir d’achat rongé inlassablement par la dépréciation de la roupie, très peu de Mauriciens peuvent prétendre intégrer cette masse critique primordiale à la rentabilité des enseignes internationales comme Ikea ou Zara. N'évoquons même pas Jimmy Choo ou Prada.

Idem pour d’autres plateformes comme celles de la santé et de l’éducation. Dans le domaine des loisirs ou de la culture, où Maurice est un désert, Singapour attire des artistes tels le Cirque du soleil ou Shakira. Il n’y a que les «caddiemétristes», conditionnés par des statistiques schizophrènes surtout lorsqu’elles sont calculées en roupies dévaluées, qui ne mesurent pas encore le degré d’appauvrissement de la population mauricienne.

Mis à part la minorité qui se gave d’achat ostentatoire, la grande majorité est empêtrée dans un piège de l’endettement qui ne laisse que des miettes comme revenu disponible. Dans ces conditions, modifier les modalités qui compensent à peine l’érosion du pouvoir d’achat relève de l’indécence. Aussi longtemps que le gouvernement ne s'arme pas de l’audace requise pour mettre un terme à la politique délibérée de dépréciation de la roupie, nous poursuivrons nos activités sur la «route de la servitude». Le signal doit être sans appel.

Nous avons un immense fossé à combler au niveau de notre productivité. Maurice dans sa globalité doit pouvoir offrir des biens et des services «value for money», qu’il s’agisse du fret, du loyer, ou de l’alimentation. Toute notre structure doit être allégée. Il faut réduire drastiquement le coût de la vie des résidents et le coût d’exploitation des entreprises. Notre compétitivité dépend de notre prédisposition à l’innovation. Le fait que de plus en plus de Mauriciens soient réfractaires aux mathématiques et à la langue anglaise, lingua franca de la transmission des idées dans le «village global», n’arrange pas les choses.

Leadership éclairé
Selon John Rose, le patron de Rolls-Royce, les Singapouriens «spend all day thinking about how they can be smarter and attract more people as they have no natural resources other than their people». Effectivement, ils sont à la recherche de l'excellence (ce qui sous-entend qu'ils ne s'extasient pas lorsqu'ils surclassent les burundais ou les fidjiens par exemple dans des indices internationaux) dans tout ce qu'ils entreprennent. Rien n'est laissé au hasard. Les dirigeants savent créer les conditions pour permettre à un maximum de personnes de s'investir pleinement et de ne pas sombrer dans l'indifférence et se limiter à une pensée à court terme, dans la recherche de leur intérêt immédiat.

Les Singapouriens ont le sentiment d’évoluer dans un environnement prévisible. Singapour prévoit une croissance économique d'environ 15% et les employés anticipent une augmentation de salaire. En revanche, d’après certains de nos «experts», Maurice doit tabler sur une croissance d'environ quatre points supérieurs au 4% escompté pour faire démarrer la machinerie et espérer absorber le chômage. Si 4% de croissance équivaut à zéro de croissance, cela démontre l’ampleur des distorsions dans notre économie.

Il n’est guère étonnant que pour s’adapter à la crise asiatique de 1997, les Singapouriens étaient disposés, dans un élan de responsabilité collective, à sacrifier une partie de leurs salaires avec la conviction qu’aussitôt les nuages dissipés ils retrouveraient leur même niveau de salaire. Contrairement au cynisme réciproque entre les Mauriciens et nos élites en général, une relation de confiance s’est forgée entre le peuple singapourien et leur gouvernement. Sans une synergie entre tous les partenaires, il est impossible de concevoir un pays performant.

La métamorphose de Singapour d’un pays du tiers monde en un pays de référence internationale dans plusieurs domaines porte le sceau du leadership iconoclaste de Lee Kuan Yew. Les théoriciens pourront déceler chez lui des concepts hybrides, du libéralisme politique (John Locke) à l'ordre morale et la discipline (Confucius) en passant par l’empirisme «trop de taxe tue la taxe» (ibn Khaldun). Il réconcilie le postulat de Adam Smith par rapport au rôle visionnaire et anticipateur de l'entrepreneur à celui de Karl Marx qui a rendu au travail sa plus-value.

Lee Kuan Yew ne considère pas la démocratie d'abord comme un système politique, mais avant tout comme un système intellectuel qui façonne par étape les us et coutumes de la société, lui attribuant ainsi une dimension sociologique et psychologique. Pour la mise en oeuvre de son projet, il s'allie à ceux qu'il identifie comme des agents de changement tout en traquant les tentations corporatistes et ceux qui s'opposent à ses idées «par principe» (c'est à dire ceux qui conçoivent le monde à travers un prisme idéologique qui est souvent teinté d’eurocentrisme). Sans l’intelligence du contexte, ses détracteurs ne pourront jamais jauger la pertinence de sa méthode.

Pour sortir de notre «cocon», il nous faut un leadership hands on puisant dans du savoir pluridisciplinaire, du flair et de la sagesse. Seule une révolution de l'ethos mauricien peut inspirer un changement de paradigme pour passer du «bland leading bland» au cercle vertueux. Au lieu de privilégier la superficialité et de contribuer au «dumbing down», commercialité oblige, les mass média ont aussi un rôle crucial à incarner dans cette quête.