"In no other country is the elite so willing to let fine phrases overrule hard thinking, to reject the lessons of experience in favour of delusions of grandeur, and to blame it all on someone else"
Paul Krugman
En affublant ainsi le coq gaulois, l'économiste incisif ne s'imaginait manifestement pas qu'un tigre, celui de l'océan Indien, pouvait aussi faire preuve de nombrilisme et de suffisance. Avec une exposition quasi-hégémonique aux médias franco-français, l'infiltration insidieuse de ce syndrome parmi nous est-elle si surprenante ?
Si le constat de bon sens est dépressif, il montre en tout cas que le déclin de la politique, au sens noble du terme, est un problème fondamental. Il serait néanmoins malveillant de l'attribuer au seul gouvernement actuel. Le messianisme promettant officiellement le bien-être pour tous, mais qui cible dans les faits "ceux qui comptent", est un leurre qui a fini par être mis au jour.
Ce mépris a engendré une crise identitaire et un repli communautaire au point d'ethniciser même les Chambres de commerce. Au lieu d'être servi par un leadership qui éclaire simultanément avec des qualités comme la sagesse, la fermeté, la vision et la diligence, nous avons été dirigés, depuis notre indépendance, par des capitaines respectifs qui les incarnent isolément, hélas parmi d'innombrables tares.
Pour évacuer le sentiment d'incompétence et de peur du changement par rapport à une réalité hostile, le recours aux échappatoires fait partie du mécanisme de défense de l'humain. Le discours narcissique, par exemple, est une tentative qui aspire à transformer une période "faste" du passé en mythe, censé générer une fierté.
Or, un développement qui se veut durable requiert une approche critique et globale, capable d'identifier les blocages et de les surmonter. Le taux de croissance économique n'est pas en soi un critère de progrès. En le disséquant, nous constatons qu'il a été drivé par des accords préférentiels, par une roupie inflationniste et, dernièrement, par une bulle immobilière et des dépenses publiques. Paradoxalement, une telle croissance nous a sclérosés. N'en déplaise aux bien-pensants, éblouis par l'artifice, notre développement a été d'ordre infrastructurel et surtout polarisé.
Ce qui compte véritablement c'est le "trickle down" de la richesse nationale, pas celui de l'autisme en face de la mondialisation. Il est bien naïf de croire que le "feel good factor" éphémère déclenché par un événement populaire ou un regain de croissance dans certains pays développés sont suffisants pour nous sortir de notre désenchantement. Notre avenir se construit, d'abord, chez nous. En toute humilité.
Wednesday, October 20, 2010
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