Maurice fait-elle face à la concurrence acharnée de l'industrie mondiale du tourisme avec intelligence? Même
si nous aimerions le croire, les galimatias et les événements grotesques suggèrent le contraire.
Maurice a surfé sur son image exclusive pendant des décennies. Certes, cela ne pouvait pas avoir été généré tout seul. Nos plages ne sont pas aussi immaculées que celles des Maldives; elles se sont sans cesse rétrécies sous le diktat des projets immobiliers, et pourtant, elles ont conservé leur attrait, pour les Européens du moins. Nous pouvons également nous vanter d'un paysage intérieur agréable, mais loin d'être bien préservé. Notre atout le plus précieux et complémentaire est un mélange unique de pluralisme culturel, qui mérite le statut du patrimoine mondial de l'UNESCO, avec un sens (certes en régression) de l'hospitalité.
Le cosmopolitisme semble être imprimé dans notre ADN. En terme de marketing, c'est une aubaine. Notre mauricianité authentique a le potentiel de libérer l'énergie créatrice voulue pour faire face à un monde où les "produits'' différenciés n'ont jamais été aussi déterminants. Quoi qu'en pensent les sceptiques, l'identité mauricienne, dont la complexité et l'évolution ne peuvent pas être précisément définis, existe bel et bien. Dans sa manifestation la plus pure, c'est un melting-pot d'identités multiples avec une magie qui demande à être partagée, soignée et exhibée. Plutôt que de risquer l'assimilation dans un mode de vie hégémonique, à travers une contamination par, nommément, des récits ("modernes") qui sont loin de nous être communs et qui inhiberaient tout exotisme tout en exaltant une schizophrénie culturelle.
Le plus déprimant, c'est que, ces derniers temps, nos attitudes ont tellement mal tourné. Attendre des Mauriciens qu'ils restent insensibles face au mépris institutionnalisé, au clientélisme politique et à l'instrumentalisation ethno-religieuse, est absurde. Avec un ascenseur social en lambeaux, seulement une poignée d'initiés s'identifie au Projet Mauricien. Pour commencer, nous avons vraiment besoin de nous émanciper de la servitude que les "élites" sont préoccupées à perpétuer dans l'ère post-coloniale. En fait, Maurice comme marque ne nécessite aucun slogan. La seule mention de Maurice est souvent suffisante pour éveiller les sens. Le défi consiste à inverser l'expérience actuelle qui ne tend pas à correspondre aux attentes.
Tout comme la mauricianité, la construction de la nation mauricienne, ou le mauricianisme, n'est pas un processus statique. Quand saurions-nous que Maurice bascule vers l'autodétermination? Quand probablement; nous nous sentons intuitivement concerné par l'image de Maurice à travers notre propre regard. Plutôt que celui des visiteurs, qui d'ailleurs ne manqueront pas de subir nos humeurs; nous nous méfions d'un modèle où les pôles d'excellence sont en train de créer, de façon disproportionnée, de l'innovation d'un niveau appréciable, tandis que le coeur du pays sombre dans un potentiel sous-développé; nous nous aimons assez pour accueillir les débats parlementaires dans notre lingua franca; nous célébrons notre héritage convoité et multiculturalisons les noms communs (par exemple, Port Lwi, M Bi Si, K-h-an) plutôt que de les écorcher (Port Lwiss, Aime B C, Quand); les visages des billboards représentent nos vraies couleurs.
Nous ne pouvons pas nous permettre de louper les occasions pour ajouter de la valeur à la destination. Sans doute, manger à l'extérieur compte parmi les instants qui saisissent le mieux le charme d'un pays. Nous pourrions exploiter le statut de Shelina Permalloo, en tant que championne de la compétition de cuisine amateur BBC Masterchef, pour mettre en exergue les saveurs mauriciennes particulières à travers une street food revigorée, saine et hygiénique. Préparée avec un maximum de produits du terroir et sans pesticides, bien sûr. Nous pourrions également fusionner notre excellent classement dans l'Indice de la qualité de l'air, tel que mesuré par l'Organisation mondiale de la santé, avec les ambitions de Maurice Ile Durable. Aussi longtemps que nous soyons fixés quant à savoir si ce n'est pas un club sélect des pires touristes au monde (selon les hôteliers interrogés à travers le monde par le site de voyage Expedia), une cité-état de bling-bling ou un immense casino à la Macao, que nous désirons secrètement.
Avant de cibler les niches dans ce labyrinthe, une dose de réalisme doit être intégrée. Nous ne pouvons pas rivaliser avec la vivacité urbaine de New York, le shopping de Dubaï, le bronzage garanti des Seychelles, la verdure de Costa Rica, le sens naturel du style de l'Italie, l'hédonisme d'Ibiza ou le carnaval torride de Rio. N'est-ce pas? Le monde a radicalement changé. Le marché n'a jamais été aussi segmenté. Valeur du jour, les habitudes de consommation en Occident sont très différentes de celles des économies émergentes. Sauf pour les pays en grande difficulté, la demande pour les produits sur mesure n'en est pas moins une tendance marquée. Ce qui est proposé doit être constamment étudié et remis à jour.
Nous serions plus productifs si nous cogitions à comment rendre Maurice attrayante à ces voyageurs comptant, entre autres, ceux en quête de tourisme de bien-être, de célibataire, culturel, éthique, familial, frugal, gay, luxe, médical, musulman (la Thaïlande et la Gold Coast australienne sont déjà bien braquées), senior. D'autant plus que nous aurons plus de mal à attirer la diaspora indienne si accro à Bollywood pendant que les paysages mauriciens se font rares dans les scènes de chant et de danse. Nous pourrions aussi côtoyer les Japonais et les Persans humbles et raffinés, tout comme les Scandinaves au sens aigu de civisme pour nous apporter une bouffée d'air frais.
Par ailleurs, nous pouvons nous inspirer du festival de Fès des musiques sacrées, du défilé de mode éthique de Berlin et de la galerie Saatchi de Londres pour mettre en évidence des artistes en herbe et chevronnés du monde. Et d'y ajouter, par exemple, les événements majeurs inclus dans le circuit professionnel de golf et de kite surf. La visibilité n'est pas une fin en soi. Elle doit être spécifique à la cible. Le blues de l'après "miracle" sonne désormais faux. Tout comme les roadshows. La conjoncture exige une métamorphose. Pourquoi ne pas geler à jamais tous projets pieds dans l'eau et stimuler plutôt l'investissement dans des boutique hotels?
C'est un leadership capable de susciter la collaboration de toutes les parties prenantes dans une stratégie planifiée qui fait cruellement défaut. Nous n'avons pas d'autre choix que de transformer l'industrie hôtelière en une industrie hospitality de plein droit. Il est en effet paradoxal de fantasmer ouvertement sur une clientèle "haut de gamme" tout en cajolant discrètement les forfaits tout inclus. Quelque chose que nous ne pouvons pas légiférer contre, mais qui peut être poussée hors du marché par une concurrence et connectivité aérienne dynamique avec des lignes comme Qatar Airways et AirAsia. Le dénigrement aveugle du tourisme "sac à dos" est également révélateur de cette propension à accaparer le marché.
Une destination dite de qualité n'est pas réservée aux milliardaires. Elle atteint son objectif lorsque l'acheteur est satisfait de la jouissance du "produit" qu'il a délibérément choisi d'acheter à un prix plus élevé. Sans doute la dimension physique d'un "produit" compte pour beaucoup, mais la manière dont il est livré est aussi décisive. Par exemple, un transport public intelligemment mis en place à un tarif abordable, comme en Suisse, comprenant un système ferroviaire lui-même supplée par des bus et taxis confortables et fiables, contribuent à un séjour agréable. Le marchandage peut certainement contribuer aux joies des vacances, mais nous devons nous assurer que personne ne soit arnaqué parce que le gouvernement est incapable de rendre obligatoire les taximètres. Quoi qu'il en soit, les forums de feedbacks tels que tripadvisor.com font et défont impitoyablement les images.
Le souci d'offrir le meilleur rapport qualité-prix est une formule éprouvée. Il s'agit d'une obsession pour fournir aux citoyens comme aux touristes un environnement pour se détendre en toute sécurité, tout en se procurant des biens et services produits le plus écologiquement et au moindre coût possible. Pour optimiser nos compétences non techniques, il est aberrant de prétendre qu'imposer une réduction de salaire par une dépréciation de la roupie ferait l'affaire. Au mieux, le gourou du service clientèle Ron Kaufman ne pourra déclencher que des ondes positives éphémères au sein, disons, du service de la police et de l'immigration, ou parmi les employés des hôtels et de Air Mauritius. Car, finalement, la meilleure publicité se transmet à travers le Mauricien épanoui.
Maurice a surfé sur son image exclusive pendant des décennies. Certes, cela ne pouvait pas avoir été généré tout seul. Nos plages ne sont pas aussi immaculées que celles des Maldives; elles se sont sans cesse rétrécies sous le diktat des projets immobiliers, et pourtant, elles ont conservé leur attrait, pour les Européens du moins. Nous pouvons également nous vanter d'un paysage intérieur agréable, mais loin d'être bien préservé. Notre atout le plus précieux et complémentaire est un mélange unique de pluralisme culturel, qui mérite le statut du patrimoine mondial de l'UNESCO, avec un sens (certes en régression) de l'hospitalité.
Le cosmopolitisme semble être imprimé dans notre ADN. En terme de marketing, c'est une aubaine. Notre mauricianité authentique a le potentiel de libérer l'énergie créatrice voulue pour faire face à un monde où les "produits'' différenciés n'ont jamais été aussi déterminants. Quoi qu'en pensent les sceptiques, l'identité mauricienne, dont la complexité et l'évolution ne peuvent pas être précisément définis, existe bel et bien. Dans sa manifestation la plus pure, c'est un melting-pot d'identités multiples avec une magie qui demande à être partagée, soignée et exhibée. Plutôt que de risquer l'assimilation dans un mode de vie hégémonique, à travers une contamination par, nommément, des récits ("modernes") qui sont loin de nous être communs et qui inhiberaient tout exotisme tout en exaltant une schizophrénie culturelle.
Le plus déprimant, c'est que, ces derniers temps, nos attitudes ont tellement mal tourné. Attendre des Mauriciens qu'ils restent insensibles face au mépris institutionnalisé, au clientélisme politique et à l'instrumentalisation ethno-religieuse, est absurde. Avec un ascenseur social en lambeaux, seulement une poignée d'initiés s'identifie au Projet Mauricien. Pour commencer, nous avons vraiment besoin de nous émanciper de la servitude que les "élites" sont préoccupées à perpétuer dans l'ère post-coloniale. En fait, Maurice comme marque ne nécessite aucun slogan. La seule mention de Maurice est souvent suffisante pour éveiller les sens. Le défi consiste à inverser l'expérience actuelle qui ne tend pas à correspondre aux attentes.
Tout comme la mauricianité, la construction de la nation mauricienne, ou le mauricianisme, n'est pas un processus statique. Quand saurions-nous que Maurice bascule vers l'autodétermination? Quand probablement; nous nous sentons intuitivement concerné par l'image de Maurice à travers notre propre regard. Plutôt que celui des visiteurs, qui d'ailleurs ne manqueront pas de subir nos humeurs; nous nous méfions d'un modèle où les pôles d'excellence sont en train de créer, de façon disproportionnée, de l'innovation d'un niveau appréciable, tandis que le coeur du pays sombre dans un potentiel sous-développé; nous nous aimons assez pour accueillir les débats parlementaires dans notre lingua franca; nous célébrons notre héritage convoité et multiculturalisons les noms communs (par exemple, Port Lwi, M Bi Si, K-h-an) plutôt que de les écorcher (Port Lwiss, Aime B C, Quand); les visages des billboards représentent nos vraies couleurs.
Nous ne pouvons pas nous permettre de louper les occasions pour ajouter de la valeur à la destination. Sans doute, manger à l'extérieur compte parmi les instants qui saisissent le mieux le charme d'un pays. Nous pourrions exploiter le statut de Shelina Permalloo, en tant que championne de la compétition de cuisine amateur BBC Masterchef, pour mettre en exergue les saveurs mauriciennes particulières à travers une street food revigorée, saine et hygiénique. Préparée avec un maximum de produits du terroir et sans pesticides, bien sûr. Nous pourrions également fusionner notre excellent classement dans l'Indice de la qualité de l'air, tel que mesuré par l'Organisation mondiale de la santé, avec les ambitions de Maurice Ile Durable. Aussi longtemps que nous soyons fixés quant à savoir si ce n'est pas un club sélect des pires touristes au monde (selon les hôteliers interrogés à travers le monde par le site de voyage Expedia), une cité-état de bling-bling ou un immense casino à la Macao, que nous désirons secrètement.
Avant de cibler les niches dans ce labyrinthe, une dose de réalisme doit être intégrée. Nous ne pouvons pas rivaliser avec la vivacité urbaine de New York, le shopping de Dubaï, le bronzage garanti des Seychelles, la verdure de Costa Rica, le sens naturel du style de l'Italie, l'hédonisme d'Ibiza ou le carnaval torride de Rio. N'est-ce pas? Le monde a radicalement changé. Le marché n'a jamais été aussi segmenté. Valeur du jour, les habitudes de consommation en Occident sont très différentes de celles des économies émergentes. Sauf pour les pays en grande difficulté, la demande pour les produits sur mesure n'en est pas moins une tendance marquée. Ce qui est proposé doit être constamment étudié et remis à jour.
Nous serions plus productifs si nous cogitions à comment rendre Maurice attrayante à ces voyageurs comptant, entre autres, ceux en quête de tourisme de bien-être, de célibataire, culturel, éthique, familial, frugal, gay, luxe, médical, musulman (la Thaïlande et la Gold Coast australienne sont déjà bien braquées), senior. D'autant plus que nous aurons plus de mal à attirer la diaspora indienne si accro à Bollywood pendant que les paysages mauriciens se font rares dans les scènes de chant et de danse. Nous pourrions aussi côtoyer les Japonais et les Persans humbles et raffinés, tout comme les Scandinaves au sens aigu de civisme pour nous apporter une bouffée d'air frais.
Par ailleurs, nous pouvons nous inspirer du festival de Fès des musiques sacrées, du défilé de mode éthique de Berlin et de la galerie Saatchi de Londres pour mettre en évidence des artistes en herbe et chevronnés du monde. Et d'y ajouter, par exemple, les événements majeurs inclus dans le circuit professionnel de golf et de kite surf. La visibilité n'est pas une fin en soi. Elle doit être spécifique à la cible. Le blues de l'après "miracle" sonne désormais faux. Tout comme les roadshows. La conjoncture exige une métamorphose. Pourquoi ne pas geler à jamais tous projets pieds dans l'eau et stimuler plutôt l'investissement dans des boutique hotels?
C'est un leadership capable de susciter la collaboration de toutes les parties prenantes dans une stratégie planifiée qui fait cruellement défaut. Nous n'avons pas d'autre choix que de transformer l'industrie hôtelière en une industrie hospitality de plein droit. Il est en effet paradoxal de fantasmer ouvertement sur une clientèle "haut de gamme" tout en cajolant discrètement les forfaits tout inclus. Quelque chose que nous ne pouvons pas légiférer contre, mais qui peut être poussée hors du marché par une concurrence et connectivité aérienne dynamique avec des lignes comme Qatar Airways et AirAsia. Le dénigrement aveugle du tourisme "sac à dos" est également révélateur de cette propension à accaparer le marché.
Une destination dite de qualité n'est pas réservée aux milliardaires. Elle atteint son objectif lorsque l'acheteur est satisfait de la jouissance du "produit" qu'il a délibérément choisi d'acheter à un prix plus élevé. Sans doute la dimension physique d'un "produit" compte pour beaucoup, mais la manière dont il est livré est aussi décisive. Par exemple, un transport public intelligemment mis en place à un tarif abordable, comme en Suisse, comprenant un système ferroviaire lui-même supplée par des bus et taxis confortables et fiables, contribuent à un séjour agréable. Le marchandage peut certainement contribuer aux joies des vacances, mais nous devons nous assurer que personne ne soit arnaqué parce que le gouvernement est incapable de rendre obligatoire les taximètres. Quoi qu'il en soit, les forums de feedbacks tels que tripadvisor.com font et défont impitoyablement les images.
Le souci d'offrir le meilleur rapport qualité-prix est une formule éprouvée. Il s'agit d'une obsession pour fournir aux citoyens comme aux touristes un environnement pour se détendre en toute sécurité, tout en se procurant des biens et services produits le plus écologiquement et au moindre coût possible. Pour optimiser nos compétences non techniques, il est aberrant de prétendre qu'imposer une réduction de salaire par une dépréciation de la roupie ferait l'affaire. Au mieux, le gourou du service clientèle Ron Kaufman ne pourra déclencher que des ondes positives éphémères au sein, disons, du service de la police et de l'immigration, ou parmi les employés des hôtels et de Air Mauritius. Car, finalement, la meilleure publicité se transmet à travers le Mauricien épanoui.
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