Monday, November 4, 2024

Moris: the bigger picture

Institutions are expected to regulate the power and estate distribution of society. Alternatively, when government policies tend to be extractive, giving rise to disproportionate economic power to the entitled few, it is only a matter of time before cracks permeate the system. More often than not, we are the product of the environment we live in. A country is well run when, from top to bottom, citizens internalise a set of rules that are indiscriminately and consistently enforced. In short, our civic sense is a critical determinant in whether we succeed in building a nation that is simultaneously high performing, greener and healthier.

Mauritius is belatedly waking up to the accident-waiting-to-happen development model it has so one-track-mindedly been following. Ironically, we seem to be stuck in paralysis mode. Not with an overload of (sound) analysis, but rather with the control of toxic networks of patronage and, indeed, without any strategic thinking to turn around. The symptoms of the national decay can intuitively be identified. Meanwhile the absence of a holistic approach to problem-solving at all levels has been spinning the resulting vicious circle faster and faster. The crisis of confidence gripping citizens could not have been more predictable. Most naturally, outsiders of the collapsing system increasingly dream of either joining the self-seekers inside or migrating to more favourable skies. Under these circumstances, on the one hand, clientelism flourishes to exploit the vulnerability of the masses and to satisfy the zeal of contract, job and rent seekers. On the other hand, weaponising our cultural differences sets up the coup de grâce.

Today many citizens are realising that the brand of "democracy", "miracle" and "development" we have been celebrating so fondly has neither been inclusive nor structural. Our "democracy" has been a full-fledged electocracy (meaning governments can be more caring than reckless, and vice versa, for five years practically as per their whims) with growing disconnect between governments and people's aspiration; our "miracle" has failed to nurture talent and creativity, instead it has actively bred social ills and brain drain; "our development" has been a de facto obsession with infrastructural muscle-flexing, with hardly any commitment to efficiency, cost structure, compliance, aesthetics, eco-friendliness etc. Consent manufactured around the extractive model is slowly being debunked. The well-being of citizens and their ability to deliver with a competitive edge having badly gone missing in political discourses. 

The parliament lies at the heart of a functioning democracy. Its fundamental role is to implement laws and policies that preserve and improve the welfare of all citizens. Opposition parties, media outlets and civil society are expected to keep governments on their toes. The impartiality of the judiciary and the police being non-negotiable. No institutions can be trustworthy without a "zero tolerance to BS" signal sent by a (still elusive) savvy prime minister to everyone heading them in order to instill accountability, transparency, stability and equal opportunities nationwide. Trust as much as cynicism between governments and citizens are mutually reinforcing.

Vigilant watchdogs to resolutely crack down on systemic corruption will deter economic clientelism, defuse market concentration, balance our national accounts, sanitise the rupee and reduce inequalities. A skewed system invariably inflates costs and adds a premium on prices, stifling our overall competitiveness. Providing incentives for wealth creation by innovative and motivated citizens and foreigners is a key driver.

Mauritius is sending a distress call, no revolutionary, no ideology is being urged. The system is begging for few quick fixes and hundreds of incremental measures to be implemented in synchronicity to bond all stakeholders. Delusion just does not last. There is a thin line between sociopathic rule and psychopathic rule. Who can hear the roar for a metamorphosis?

La construction d'une nation dépend de la qualité de ses institutions

Les institutions sont censées réguler la répartition du pouvoir et des biens au sein d'une société. En revanche, lorsque les politiques gouvernementales tendent à être plus favorables aux accapareurs, donnant lieu à un pouvoir économique disproportionné à quelques privilégiés, tôt ou tard des fissures imprègnent le système. Le plus souvent, nous sommes le produit de l'environnement dans lequel nous vivons. Un pays est bien géré lorsque, du sommet à la base, les citoyens intériorisent un ensemble de règles qui sont appliquées sans concession. En bref, notre esprit civique est un composant clé dans l'aboutissement d'une nation à la fois plus performante, plus écoresponsable et plus saine.


Maurice est de plus en plus confronté à un modèle de développement décousu qu'elle a suivi aveuglement sous le parrainage des réseaux toxiques. L'absence flagrante d'une approche intégrée à tous les niveaux stimule crescendo un cercle vicieux, infligeant une sinistrose. Les symptômes de la décadence nationale peuvent être identifiés intuitivement. La crise de confiance des citoyens était prévisible. Naturellement, de plus en plus d'exclus désespérés d'un système qui s'effondre rêvent de rejoindre les affairistes de l'intérieur ou d'émigrer vers des cieux plus favorables. Dans ces conditions, le clientélisme, d'une part, prospère pour exploiter la vulnérabilité du peuple et pour satisfaire le zèle des demandeurs de contrats, d'emplois et de rentes. Et d'autre part, l'instrumentalisation de nos différences culturelles assène le coup fatal.

La fin du délire ?

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui se rendent compte, tardivement certes, que la « démocratie », le « miracle » et le « développement » que nous avons plébiscités avec tant de fierté n'ont été ni inclusifs ni structurels. Notre « démocratie » s'est en fait transformée en électocratie vivante – ce qui signifie que pendant cinq ans les gouvernements peuvent être plus empathiques que voyous, et vice versa, quasiment au gré de leur humeur – amplifiant une déconnexion entre les gouvernements et les aspirations de la population ; notre « miracle » n'a pas réussi à cultiver le talent et la créativité, mais a au contraire activement favorisé les fléaux sociaux et la fuite des cerveaux ; notre « développement » a été une obsession pour étaler des infrastructures et générer la croissance à tout prix, avec pratiquement aucun engagement en faveur de l'efficacité, de l'optimisation des coûts, de la conformité, de l'esthétique, de l'écocompatibilité, etc. La recherche du bien-être des citoyens et de leur capacité à fournir un effort avec un avantage comparatif ont été oubliés dans les discours politiques.

Le parlement est au cœur d'une démocratie qui fonctionne. Son rôle principal est de mettre en œuvre des lois et des politiques qui préservent et améliorent le bien-être de tous les citoyens. Les partis d'opposition, les médias et la société civile sont censés maintenir les gouvernements sur leurs gardes. L'impartialité du judiciaire et de la police n'est pas négociable. Aucune institution n'est fiable sans un premier ministre éclairé, qui hélas nous échappe toujours, pour envoyer un signal de « tolérance zéro à l'égard de la connerie » à tous leurs dirigeants afin d'instaurer transparence, redévabilité, stabilité et équité à l'échelle nationale. 

Des chiens de garde traquant  la corruption endémique avec détermination découragera le clientélisme économique, contribuera à équilibrer nos comptes nationaux, désamorcera la concentration du marché, revitalisera la roupie et réduira les inégalités. Un système vicié et avec une visibilité parasitée par des malversations plombe les coûts et impose une prime aux prix, brimant ainsi la compétitivité globale. Il est impératif de formuler des incitations à la création de richesses par des citoyens et des étrangers motivés et capables d'innovation. 

Maurice lance un appel de détresse. Aucun révolutionnaire n'est exigé, aucune idéologie n'est revendiquée. Le système réclame quelques solutions rapides et des centaines de mesures progressives à mettre en œuvre sans dissonances pour lier toutes les parties prenantes. Une illusion ne dure jamais. La pente d'un régime sociopathique vers un régime psychopathique est glissante. Qui peut entendre les clameurs pour une métamorphose?