Tuesday, April 15, 2025

Un système éducatif qui permet de rester debout dans la dignité

Il est généralement admis que, pour citer le pédagogue Peter Hyman, « le but de l'école est de développer l'enfant dans sa globalité – la tête, le cœur et la main. Réfléchir en profondeur (tête), développer l'intelligence émotionnelle (cœur) et devenir créatif dans la résolution de problèmes (main) ».

Pour commencer, nous devons reconnaître que la génération Alpha (née après 2010) grandit dans une atmosphère qui tend à être façonnée simultanément par le stress toxique sous diverses formes (la série Adolescence sur Netflix fournit des indications utiles sur le deséquilibre existentiel) et par la nature numérique de la plupart des interactions. Le confinement de Covid-19 a sans doute contribué à perturber davantage leur santé mentale et leur capacité d'attention. Il ne s'agit pas d'un scénario catastrophe, mais d'un constat de réalité. Planifier à l'avance, c'est invariablement aussi une atténuation des risques. Le type de programme d'études est essentiel pour atteindre le plus efficacement possible les objectifs de l'éducation.

Pour que la mentalité centrée sur les examens et les résultats académiques soit moins prévalente, un système éducatif holistique doit être mis en place avec notamment :

·        des enseignants valorisés en tant qu'accompagnateurs (le « cours magistral » est devenu si ringard);

·        des parents engagés en tant que partenaires ;

·        des enfants motivés en tant qu'apprenants actifs ;

·        un apprentissage par l'expérience (apprendre en pratiquant/en jouant);

·        une approche interdisciplinaire ;

·        un apprentissage par cœur réduit au strict minimum.

Le système éducatif finlandais a toujours été plébiscité pour sa capacité à former des enfants équilibrés. Cependant, au cours des deux dernières décennies environ, le Baccalauréat International (IB/ibo.org) a acquis le statut d'étalon-or. Qui plus est, le directeur général en exercice de l'IB a également été le directeur général de l'Agence nationale finlandaise de l'éducation. Il convient de souligner que l'éducation de l'IB ne commence pas et ne s'arrête pas à la fin de l'enseignement secondaire (Programme du diplôme/IBDP). Il s'agit d'une éducation complète qui commence par le Programme primaire (PYP), qui intègre également les principes clés de la méthode Montessori, et qui se poursuit par le Programme d’éducation intermédiaire (MYP) jusqu'au IBDP.

 Il n'y a pas si longtemps, le Programme à orientation professionnelle  (IBCP) a été mis en place et il «permet d’acquérir des compétences essentielles pour l’avenir des apprenants et les prépare à tracer leur parcours professionnel, en associant des disciplines scolaires avec leurs domaines d’intérêt professionnel».  Tous les programmes de l'IB sont continuellement rafraîchis et remaniés - un cours sur le leadership est actuellement à l'essai. La cohérence des programmes scolaires est essentielle pour stimuler l'apprentissage tout au long de la vie. La formation professionnelle ne mérite pas une mauvaise réputation, comme le prouve amplement la Suisse, pays très performant.

 L'IB n'est pas l'apanage des élites et ne devrait jamais l'être. De plus en plus des établissements publics à travers le monde proposent les  programmes de l’IB. Le Danemark, par exemple, envisage de proposer davantage de programmes de l'IB. En Inde, des écoles privées proposent l’IBDP moyennant des frais de scolarité peu élevés. Dans l'idéal, notre ministère de l'éducation devrait lancer un projet pilote du PYP dans chaque district avec des enfants de 3 à 6 ans et les laisser poursuivre leurs études jusqu'au MYP, à l’IBDP ou à l'IBCP. Quoi qu'il en soit, le ministère doit s'inspirer de l'IB. Pourquoi ne pas explorer sa pertinence en visitant Clavis School et le Bocage, qui proposent les programmes complets de l'IB ? Même s'il faut tenir compte du fait que la mise en œuvre des systèmes s'avère difficile dans Maurice d'aujourd'hui, avec une population cherchant désespérément un leadership éclairé.

Les propositions suivantes peuvent être mises en œuvre simultanément afin de fournir l'éducation holistique à laquelle nous aspirons tous :

·        Roots of Empathy/(Racines de l'empathie (rootsofempathy.org) est « un programme de classe basé sur des preuves qui cherche à réduire l’agressivité, accroît le partage, la bienveillance et l’inclusion, et favorise la résilience, le bien-être et la bonne santé mentale »;

·        des activités intrascolaires telles que le yoga, la cuisine et le jardinage (essentiellement dans le but de réduire la dépendance sur la consommation d'aliments ultra-transformés), les arts martiaux, les arts et la musique, les échecs, le théâtre, les activités sportives, etc ;

·        des cours interculturels avec exposition aux dimensions culturelles et spirituelles des religions à Maurice et au-delà ;

·        l’enseignement sans tabous de l'histoire de Maurice et du monde doit faire l'objet d'un enseignement obligatoire ;

·        une immsersion beaucoup plus importante dans la langue anglaise, la lingua franca mondiale ;

·        la participation au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) qui mésure la résolution de problèmes et la cognition tout en contrôlant la performance du système éducatif en place.

L'éducation est un facteur primordial pour déterminer les compétences du capital humain d'une nation et son bien-être. Nous avons été trop complaisants jusqu'à présent avec un système qui continue à récompenser de moins en moins de citoyens. Il est certain que l'intelligence artificielle et les technologies de l'information continueront à impacter sur notre existence, pour le meilleur comme pour le pire. Même si le système éducatif parfait n'existe pas, nous devons résolument préparer les générations futures à s'adapter à un monde qui récompense froidement les personnes les plus agiles sur le plan cognitif, les plus perspicaces  et les plus intelligentes sur le plan émotionnel, plutôt que le nombre de diplômes dont on fait étalage.

Saturday, April 12, 2025

A paradigm shift for our education system

It is generally accepted that, to quote educationalist Peter Hyman, “the purpose of school is to develop the whole child – head, heart and hand. To think deeply (head), develop emotional intelligence (heart) and become creative in problem-solving (hand)”.

To begin with, we need to recognize that Generation Alpha (born after 2010) is growing up in an atmosphere that tends to be shaped simultaneously by toxic stress in various forms (the Adolescence series on Netflix provides useful pointers of the existential imbalance) and by the digital nature of most interactions. Covid-19's lockdown has undoubtedly further disrupted their mental health and their attention span. This is not a doom scenario, but a reality check. Planning ahead invariably also means risk mitigation. The pertinence of the curriculum is conducive to achieving the objectives of education as effectively as possible. 

To reverse the prevalence of a mentality hooked on exams and academic results, a holistic education system needs to be implemented, with namely:

·        teachers empowered as coaches (the "cours magistral" is so passé);

·        committed parents as partners;

·        motivated children as active learners;

·        experiential learning (learning by doing/playing);

·        interdisciplinary approach;

·      rote learning reduced to its minimum.

The Finnish education system has always been praised for its ability to train well-rounded children. However, over the past two decades or so, the International Baccalaureate (IB/ibo.org) has acquired gold-standard status. What's more, the IB's current Director General was also the Director General of the Finnish National Agency for Education. It should be emphasized that IB education does not begin and end with the completion of secondary education (Diploma Programme/IBDP). It is a comprehensive education that begins with the Primary Years Programme (PYP), which also incorporates the key principles of the Montessori method and continues through the Middle Years Programme (MYP) to the IBDP. 

Not so long ago, the IB Career-Based Programme (IBCP) was introduced, which “provides learners with essential skills for their future and prepares them to chart their career path, by combining academic subjects with their areas of professional interest”.  All IB programmes are continually refreshed and redesigned - a leadership course is currently being trialled. Coherent school programmes are essential to nurture lifelong learning. Vocational training does not deserve a bad reputation: its bearing in transforming Switzerland into such a high-performing country speaks volume.

The IB is not the preserve of the elite, nor should it ever be. More and more public schools worldwide are embracing IB programmes. Denmark, for example, is seeking to offer more of them. In India, private schools offer the IBDP at low tuition fees. Ideally, our Ministry of Education should launch a PYP pilot project in every district with children aged 3 to 6, and let them continue their studies through to MYP, IBDP or IBCP. In any case, the Ministry should take inspiration from the IB. Why not explore its relevance by visiting Clavis School and Le Bocage which offer full IB programmes? This could offer valuable insights, even though implementing any strategy is proving an uphill task in today's nervy Mauritius. 

The following proposals can be implemented concurrently to provide the holistic education to which we all aspire:

·        Roots of Empathy (rootsofempathy.org) is “an evidence-based classroom programme that seeks to reduce aggression, increase sharing, caring and inclusion, and promote resilience, well-being and good mental health”;

·        intracurricular activities such as yoga, cooking and gardening (mainly to reduce dependency on ultra-processed foods), martial arts, art and music, chess, drama, sports activities, etc.; and

·        intercultural courses with exposure to the cultural and spiritual dimensions of religions in Mauritius and beyond;

·        uninhibited teaching of the history of Mauritius and the world should be compulsory;

·        much greater immersion in the English language, the world's lingua franca;

·       participation in the Programme for International Student Assessment (PISA), which measures problem solving and cognition, and monitors the performance of the education system.

Education is an essential factor in determining a nation's human capital skills and well-being. We have been too self-indulgent to date with a system that continues to reward fewer and fewer citizens. Artificial intelligence and information technology will undoubtedly continue to impact our lives, for better or for worse. Even if the perfect education system doesn't exist, we must resolutely prepare future generations to adapt to a world that crually rewards the most cognitively agile, insightful and emotionally intelligent people, rather than the number of diplomas and degrees flaunted.

Thursday, January 23, 2025

La face occulte des statistiques

Le titre de cet article suggère que les statistiques peuvent aussi être formulées de manière partielle et partiale pour travestir la réalité. Certaines statistiques semblent évidentes mais peuvent toujours être mal mesurées, intentionnellement ou non. D'autres, en particulier celles qui portent le label « réel », sont souvent accompagnées d'une arrogance technocratique prétendument infaillible mais qui peuvent être récupérées par des intérêts toxiques. 

Le monde réel est en effet trop complexe pour être représenté par des variables orientées. De toute façon, le nombre de variables est infini, et il n'y a qu'un nombre limité de variables qui peuvent être identifiées par l'humain. Si tout est relatif, tout est une question de contexte aussi.

On a un jour demandé à John Cowperthwaite, ancien secrétaire financier de Hong Kong, jadis un modèle de la doctrine néolibérale du « marché efficace », quelle était la principale chose que les pays avides de se transformer pouvaient faire pour doper leur expansion. Il a répondu : « ils devraient abolir le bureau des statistiques nationales, car cela conduirait les fonctionnaires à s'immiscer dans l'économie ». Paradoxalement, tous les pays ont besoin de statistiques constamment mises à jour pour explorer des solutions aux défis locaux et mondiaux. 

« Qui a cru que nous étions vraiment le 13e pays le mieux équipé pour la facilité de faire des affaires dans le monde?" avait averti le leader d'opinion Philippe Forget. Il n'est pas étonnant que l'on fasse grand cas de ce classement et que l'on minimise, comme par hasard, notre statut de mauvais élève dans disons l'indice de performance logistique. 

Pire, nos gouvernements semblent terrifiés à l'idée de se mesurer à la réalité potentiellement accablante, qu'ils ont largement contribué à construire, du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui « mesure la capacité des jeunes de 15 ans à utiliser leurs connaissances et compétences en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences pour relever les défis de la vie réelle, sur la culture financière des élèves, la pensée créative et la préparation à l'apprentissage tout au long de la vie ».

De même, qui croit encore aux chiffres concernant le nombre de propriétaires de leur résidence, la production économique nationale, l'inflation, les inégalités, la répartition ethnique de la population, le financement politique déclaré par les conglomérats, l'ampleur de la corruption et de l'économie undeground etc.? 

Par exemple, comment concilier une économie très ouverte et dépendante du commerce international, avec des intrants importés élevés pour la consommation locale et l'exportation, et une plateforme offshore qui ne peut exister qu'avec la libre mobilité des capitaux tout en contenant l'inflation ? Contrairement à Maurice, Singapour, qui est loin d'être inepte dans la mise en œuvre de politiques judicieuses, considère le ciblage du taux de change comme l'outil ultime de lutte contre l'inflation. Le mécanisme, qui rappelle les caractéristiques d'un « currency board », repose entièrement sur des actifs étrangers, une réserve d'or et des comptes nationaux réfractaires à la corruption. De plus, Singapour maintient officiellement et avec succès une appréciation constante de son dollar qu'aucun autre pays n'oserait. 

Dans un monde dominé par les algorithmes, les données tordues et mal mesurées parasitent les nuances et rétrécissent le recul. Elles ouvrent les vannes du résultat le moins désirable d'autant plus que la crétinisation s'accentue. Nous vivons une époque où les citoyens sont incroyablement vulnérables à la manipulation.

 Il n'a jamais été aussi important de raviver l'intérêt pour les mathématiques et de restreindre l'apprentissage par cœur essentiellement par le biais de l'apprentissage expérientiel en anglais, la lingua franca mondiale,afin de stimuler la reconnaissance des schémas et de favoriser le discernement. Lorsque la tyrannie de l' « expert », du court terme et de la gratification instantanée pour quelques-uns s'installe, le moral, voire plus, du plus grand nombre est atteint. Les statistiques fiables éclairent la voie, pas des statistiques pour le plaisir des statistiques. 

Pour confirmer ses asprations « progressistes »,  Rezistans ek Alternativ serait bien inspiré de pousser le gouvernement à recalibrer la plupart des statistiques officielles pour répondre plus efficacement aux attentes des citoyens.

Friday, January 17, 2025

"Lies, damned lies and statistics"

Even if we do not know who precisely coined the biting phrase headlining this article, it does refer to how data can be cooked to twist reality. Some statistics seem straightforward but can still be mismeasured, whether intentionally or not. Others especially with the "real" label that often come with a technocratic arrogance by "playing God" can readily serve narrow interests. The real world is indeed too complex to be represented with pick-and-choose variables. Anyway, there is only so many variables that can be humanly identified. As much as context is all, all is relative.

 
John Cowperthwaite, former Financial Secretary of Hong Kong, a bastion of the "efficient market" dear to neoliberals before China took over, was once asked what the key thing that countries urging for transformation could do to improve their expansion. He replied: "They should abolish the office of national statistics as they would lead to officials meddling in the economy". Ironically, all countries need constantly updated measurements to create solutions for local and global challenges. "Who believed that we were really the 13th best equipped country for the ease of doing business worldwide?" warned opinion leader Philippe Forget. Little wonder the ranking is hyped while our depressed status in say the Logistics Performance Index is conveniently played down. Worse, our governments look terrified to measure up against the potentially damning reality, they actually contributed to foment, of the Programme for International Student Assessment (PISA) that "tests the skills and knowledge of 15-year-old students in mathematics, reading, science, financial literacy, creative thinking and readiness for life-long learning".

Likewise, who still believe the numbers for home ownership, national economic output, inflation, inequality, ethnic distribution of the population, financial support of political parties posted by large businesses, bribing, underground economy and so on? For instance, how do you reconcile a highly open and trade-dependent economy with high import content for both domestic consumption and export with an offshore platform that can only exist with free capital mobility while containing inflation? In sharp contrast with Mauritius, Singapore, arguably not a laggard in implementing savvy policies, targets exchange rate as the ultimate tool to fight inflation. The mechanism, reminiscent of the features of a currency board, being fully backed by foreign assets, gold reserve and corruption-proof national accounts. What's more, Singapore officially and successfully maintains a constant appreciation bias of the Singapore dollar that no other country would dare. 

Twisted and mismeasured metrics in a world weaponised by data and algorithms run down nuances and hindsight. They open the floodgates of the least desirable outcome, the more so with rampant mind rot. We live an era where citizens are incredibly vulnerable to manipulation. Rebooting interest in math and minimising rote learning essentially through experiential learning in English language, the global lingua franca, have never been more critical to enhance pattern recognition and nurture discernment. When the tyranny of the "expert", short term and instant gratification for the few settles in the national system, misery captures the morale and more of the many.  

Reliable statistics work, not statistics for statistics sake. To comfort its progressive leanings, Rezistans ek Alternativ would be much inspired to nudge the government into revisiting most of the dodgy official statistics to meet the aspiration of citizens more effectively. 

Monday, November 4, 2024

Moris: the bigger picture

Institutions are expected to regulate the power and estate distribution of society. Alternatively, when government policies tend to be extractive, giving rise to disproportionate economic power to the entitled few, it is only a matter of time before cracks permeate the system. More often than not, we are the product of the environment we live in. A country is well run when, from top to bottom, citizens internalise a set of rules that are indiscriminately and consistently enforced. In short, our civic sense is a critical determinant in whether we succeed in building a nation that is simultaneously high performing, greener and healthier.

Mauritius is belatedly waking up to the accident-waiting-to-happen development model it has so one-track-mindedly been following. Ironically, we seem to be stuck in paralysis mode. Not with an overload of (sound) analysis, but rather with the control of toxic networks of patronage and, indeed, without any strategic thinking to turn around. The symptoms of the national decay can intuitively be identified. Meanwhile the absence of a holistic approach to problem-solving at all levels has been spinning the resulting vicious circle faster and faster. The crisis of confidence gripping citizens could not have been more predictable. Most naturally, outsiders of the collapsing system increasingly dream of either joining the self-seekers inside or migrating to more favourable skies. Under these circumstances, on the one hand, clientelism flourishes to exploit the vulnerability of the masses and to satisfy the zeal of contract, job and rent seekers. On the other hand, weaponising our cultural differences sets up the coup de grâce.

Today many citizens are realising that the brand of "democracy", "miracle" and "development" we have been celebrating so fondly has neither been inclusive nor structural. Our "democracy" has been a full-fledged electocracy (meaning governments can be more caring than reckless, and vice versa, for five years practically as per their whims) with growing disconnect between governments and people's aspiration; our "miracle" has failed to nurture talent and creativity, instead it has actively bred social ills and brain drain; "our development" has been a de facto obsession with infrastructural muscle-flexing, with hardly any commitment to efficiency, cost structure, compliance, aesthetics, eco-friendliness etc. Consent manufactured around the extractive model is slowly being debunked. The well-being of citizens and their ability to deliver with a competitive edge having badly gone missing in political discourses. 

The parliament lies at the heart of a functioning democracy. Its fundamental role is to implement laws and policies that preserve and improve the welfare of all citizens. Opposition parties, media outlets and civil society are expected to keep governments on their toes. The impartiality of the judiciary and the police being non-negotiable. No institutions can be trustworthy without a "zero tolerance to BS" signal sent by a (still elusive) savvy prime minister to everyone heading them in order to instill accountability, transparency, stability and equal opportunities nationwide. Trust as much as cynicism between governments and citizens are mutually reinforcing.

Vigilant watchdogs to resolutely crack down on systemic corruption will deter economic clientelism, defuse market concentration, balance our national accounts, sanitise the rupee and reduce inequalities. A skewed system invariably inflates costs and adds a premium on prices, stifling our overall competitiveness. Providing incentives for wealth creation by innovative and motivated citizens and foreigners is a key driver.

Mauritius is sending a distress call, no revolutionary, no ideology is being urged. The system is begging for few quick fixes and hundreds of incremental measures to be implemented in synchronicity to bond all stakeholders. Delusion just does not last. There is a thin line between sociopathic rule and psychopathic rule. Who can hear the roar for a metamorphosis?

La construction d'une nation dépend de la qualité de ses institutions

Les institutions sont censées réguler la répartition du pouvoir et des biens au sein d'une société. En revanche, lorsque les politiques gouvernementales tendent à être plus favorables aux accapareurs, donnant lieu à un pouvoir économique disproportionné à quelques privilégiés, tôt ou tard des fissures imprègnent le système. Le plus souvent, nous sommes le produit de l'environnement dans lequel nous vivons. Un pays est bien géré lorsque, du sommet à la base, les citoyens intériorisent un ensemble de règles qui sont appliquées sans concession. En bref, notre esprit civique est un composant clé dans l'aboutissement d'une nation à la fois plus performante, plus écoresponsable et plus saine.


Maurice est de plus en plus confronté à un modèle de développement décousu qu'elle a suivi aveuglement sous le parrainage des réseaux toxiques. L'absence flagrante d'une approche intégrée à tous les niveaux stimule crescendo un cercle vicieux, infligeant une sinistrose. Les symptômes de la décadence nationale peuvent être identifiés intuitivement. La crise de confiance des citoyens était prévisible. Naturellement, de plus en plus d'exclus désespérés d'un système qui s'effondre rêvent de rejoindre les affairistes de l'intérieur ou d'émigrer vers des cieux plus favorables. Dans ces conditions, le clientélisme, d'une part, prospère pour exploiter la vulnérabilité du peuple et pour satisfaire le zèle des demandeurs de contrats, d'emplois et de rentes. Et d'autre part, l'instrumentalisation de nos différences culturelles assène le coup fatal.

La fin du délire ?

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui se rendent compte, tardivement certes, que la « démocratie », le « miracle » et le « développement » que nous avons plébiscités avec tant de fierté n'ont été ni inclusifs ni structurels. Notre « démocratie » s'est en fait transformée en électocratie vivante – ce qui signifie que pendant cinq ans les gouvernements peuvent être plus empathiques que voyous, et vice versa, quasiment au gré de leur humeur – amplifiant une déconnexion entre les gouvernements et les aspirations de la population ; notre « miracle » n'a pas réussi à cultiver le talent et la créativité, mais a au contraire activement favorisé les fléaux sociaux et la fuite des cerveaux ; notre « développement » a été une obsession pour étaler des infrastructures et générer la croissance à tout prix, avec pratiquement aucun engagement en faveur de l'efficacité, de l'optimisation des coûts, de la conformité, de l'esthétique, de l'écocompatibilité, etc. La recherche du bien-être des citoyens et de leur capacité à fournir un effort avec un avantage comparatif ont été oubliés dans les discours politiques.

Le parlement est au cœur d'une démocratie qui fonctionne. Son rôle principal est de mettre en œuvre des lois et des politiques qui préservent et améliorent le bien-être de tous les citoyens. Les partis d'opposition, les médias et la société civile sont censés maintenir les gouvernements sur leurs gardes. L'impartialité du judiciaire et de la police n'est pas négociable. Aucune institution n'est fiable sans un premier ministre éclairé, qui hélas nous échappe toujours, pour envoyer un signal de « tolérance zéro à l'égard de la connerie » à tous leurs dirigeants afin d'instaurer transparence, redévabilité, stabilité et équité à l'échelle nationale. 

Des chiens de garde traquant  la corruption endémique avec détermination découragera le clientélisme économique, contribuera à équilibrer nos comptes nationaux, désamorcera la concentration du marché, revitalisera la roupie et réduira les inégalités. Un système vicié et avec une visibilité parasitée par des malversations plombe les coûts et impose une prime aux prix, brimant ainsi la compétitivité globale. Il est impératif de formuler des incitations à la création de richesses par des citoyens et des étrangers motivés et capables d'innovation. 

Maurice lance un appel de détresse. Aucun révolutionnaire n'est exigé, aucune idéologie n'est revendiquée. Le système réclame quelques solutions rapides et des centaines de mesures progressives à mettre en œuvre sans dissonances pour lier toutes les parties prenantes. Une illusion ne dure jamais. La pente d'un régime sociopathique vers un régime psychopathique est glissante. Qui peut entendre les clameurs pour une métamorphose?

Wednesday, October 30, 2024

Ce flux continu indispensable

Au football, à moins que vous ne soyez aussi doué que Ronaldinho pour les dribbles vous ne pouvez vous permettre de «tuer le ballon ». Ce qui signifie que lorsque le ballon arrive à vous, il doit rester en vie, le faire rouler. Sinon, au lieu de libérer l’espace autour de vous et de déclencher une action vers l’avant avec détermination, vous finissez par mettre une pression énorme sur vous-même et sur toute l’équipe.

 L'instinct le plus créatif pour justement garder le ballon en vie est d'exécuter un «contrôle orienté» ou un «crochet», entre autres – pas forcément avec la grâce de Lionel Messi. Lors de l'Euro 2024, malgré le talent indéniable de certains joueurs, l'équipe d'Angleterre était tellement en proie à la crispation individuelle que les joueurs se contentaient la plupart du temps de recourir au mode « tuer le ballon ». Ils n’ont donc pas pu briller collectivement et être à la hauteur des attentes. 

Les enseignements de l’analogie ci-dessus s’appliquent également à la vie de tous les jours. En termes simples, pour maintenir le flux, efforcez-vous de rester en synergie avec les éléments vertueux et dynamiques. Il s’agit dans un premier temps d’identifier un maximum d’obstacles, la plupart visibles certes mais d’autres moins, et les goulots d’étranglement. Ne pas le faire avec précision, que ce soit au niveau individuel, local ou international, risque de devenir contre-productif dans la mesure où des ressources sont consacrées à une évaluation erronée de la situation.

 Idéalement, une agilité intellectuelle semblable à celle du physicien Richard Feynman pour connecter en flux continu les éléments du système et ce dans une approche inter-disciplinaire serait une aubaine dans le domaine de l’élaboration des politiques publiques notamment. Plus nous collectons des données en temps réel, plus nous intégrons des variables, plus la prise de décision est judicieuse. En effet, nos peines dans la circulation routière par exemple seraient largement soulagées si l’expertise n’était pas paradoxalement consacrée à déplacer les goulots d’étranglement et à dilapider une part considérable des fonds publics, comme dévoilé sans cesse par le bureau de l’Audit.

 Lorsque cette calamité si dénuée de cohérence traverse l’ensemble de notre vécu, devenant systémique en perturbant les institutions, la logistique, les services publics, l’industrialisation, le savoir-faire, l’écosystème, rongeant l’échelle sociale, les forces réactionnaires se lâchent. Et dans leur sillage, la crispation des ressources humaines conduisent fatalement à une fuite des cerveaux. Des séquelles qui parasiteront n’importe quelle nation pendant des années. Urbanistes et anthropologues, à vous d'intervenir pour isoler les faussaires!