Saturday, November 9, 2019
Mes chers compatriotes
Par complaisance, par complexe postcolonial et par gourmandise, nous n'avons pas vraiment assumé nos responsabilités de leaders pour relever les défis et répondre à vos attentes et à vos aspirations. Nous nous sommes naïvement entourés d'« experts » qui souvent, comme pestait le regretté Mohamad Vayid, « pa mem ti pou gayn zot lavi ayer dan mem job », des charlatans, des arrivistes, des « bronzés qui font du ski...nautique » etc. L'autodestruction du modèle chilien symbolise l'écroulement prévisible d'un modèle que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont imposé. Au nom de ce même type de développement, nous avons assisté à Maurice à un trickle down de triangaz, roder (gro ek tipti) bout, fezer, bat-bate etc.
Comme dans notre quête de synergie entre toutes les parties prenantes,
nous nous évertuerons de synchroniser nos politiques afin qu'une action
n'affaiblisse pas une autre. Et que les signaux imprègnent une certaine
cohérence apte à fluidifier le système. Notre parcours sera animé
parfois de mesures grandes et révolutionnaires et, d'autre fois, les mesures
seront petites et graduelles. Des projets pilotes inspirés d'ailleurs,
mais adaptés au contexte local, seront élaboré pour tester
leur mécanisme et leur impact. Voici une liste non-exhaustive:
Friday, September 13, 2019
Ces mythes qui nous pourrissent la vie
Il y a
environ une décennie, certains des plus riches Allemands se sont publiquement
engagés à contribuer à une part plus équitable des impôts. En 2011, le
milliardaire américain Warren Buffet nous avait même avertis: "Arrêtez de dorloter les ultra-riches". En effet,
les crédits d'impôt, la comptabilité créative et les paradis fiscaux lui
permettent de payer un taux d'imposition inférieur à celui de
sa secrétaire. Le Britannique Jeremy Corbyn incarne sans doute la
tentative politique la plus crédible remettant en cause le statu quo dans
un pays relativement puissant. Le pape François agissant lui comme un des médiums
de conscientisation.
La
concentration de la richesse, généralement facilitée par des
réseaux corrompus, n'arrête pas de tourmenter les populations du monde
entier, même si à des degrés divers. La colère populaire n’est
malheureusement pas abordée partout de manière raisonnable. Le changement
nous est désormais imposé. Comment et quand cela se
produira-t-il concrètement? En tout cas, on n'est pas convaincu que le
message soit bien reçu au sommet du monde des affaires et de la politique à
Maurice. Il est temps de débusquer le bluff qu'ils souhaiteraient sans
doute promouvoir ad infinitum. Voici quelques composants clés:
Indépendance: ce que
nous vivons à Maurice ne fait pas exception dans un contexte postcolonial.
L’indépendance politique officielle vis-à-vis de nos colonisateurs nous a
conduis à une néo-alliance entre la nouvelle oligarchie politique et le « secteur
privé », qui est en soi un euphémisme pour « oligarchie sucrière ».
Le conte de fées de la démocratie électorale s’est révélé être
une ploutocratie sordidement conçue, où les ultra-riches de tous bords
dictent les politiques publiques pour un enrichissement supplémentaire.
Simultanément, France Inc. et India Inc. scrutent les marchés dans le
secteur de « l'aide au développement » tout en gardant China Inc.
sous observation. Tout cela avec le conseil de la Banque mondiale et de
leurs semblables.
Miracle: la phase
de développement associée à nos Quatre-vingts Glorieuses est essentiellement
infrastructurelle – la structure du pays étant laissée à elle-même. Cela s'est passé
sans souci de planification, sans vigilance des coûts et sans recherche de
l'excellence, normes minimales n’en parlons même pas. Pourquoi s'inquiéter
alors que nous pouvons toujours compter parmi les stars de l'Afrique. Pire
encore, l'écart entre l'offre et la
demande dans pratiquement tous les domaines a continué de croître.
D'où la pression toujours croissante sur le système.
« Nous
sommes mieux éduqués »: en effet, si nous parlons
d'accès relatif au diplôme académique. Mais c'est loin d'être entendu que nous
ayons hérité d'un capital humain mieux formé, plus compétent, digne de
confiance et plein d'entrain, qui soit pertinent aujourd’hui. Internet a certes
considérablement réduit l'asymétrie de l'information diffusée.
Nous devrions toutefois réfléchir à sa valeur compte tenu du fait qu’une
grande partie de l’audience est soit dépourvue de sens du discernement,
soit trop occupée à fuir une crise existentielle, ou les deux.
La faiblesse
de la roupie « forte »: s’attendre à ce qu'une
ponctuation salariale collective (à travers la dépréciation systématique
de la roupie) puisse accroître la productivité du travail tout en visant à
satisfaire l’obsession de la croissance du PIB, quels que soient les coûts
(y compris environnementaux), est un délire. Il n’est pas étonnant que la
trajectoire de la roupie mauricienne (en baisse d’environ 90% vis-à-vis du
dollar américain au cours des 40 dernières années) par rapport à celle du
dollar de Singapour (en hausse de 30% environ) témoigne également d’un parcours
drastiquement contrasté. Un sort qui pèse lourdement sur les coûts d’emprunt,
qui, d'une part, multiplie le nombre d'entreprises et de ménages qui s'engloutissent
dans le piège de l'endettement, et qui finit, d'autre part, par parasiter le
mental. Il convient de mettre en évidence que, pour atténuer les distorsions au
sein du marché local quand les fonds offshore s'y infiltrent,
pratiquement tous les paradis fiscaux arriment leurs monnaies solidement à une
devise de référence.
« La
république »? : il est rare que lorsqu'elle est prononcé en
français, « république » ne fasse pas allusion à « liberté,
égalité, fraternité ». Dans sa forme abstraite, elle
peut certainement aspirer à sa prétention « universelle ». Mais
en Norvège, par exemple, qui est une monarchie constitutionnelle, l’impression
de souveraineté citoyenne est bien mieux ressentie à la base qu’en France
ou à Maurice d'ailleurs. La moralité est que nous devons rester prudents
vis-à-vis des concepts fétichisés qui agissent en fait comme un écran de fumée
au profit d’initiatives vaseuses.
« Le
communalisme est dans nos gênes »: il y
certainement parmi nous quelques concitoyens qui vivent avec un état d'esprit
sectaire. Mais la plupart d'entre nous sont à l'aise avec les différences
culturelles. Projeter ses frustrations sur l'Autre découle rarement du libre
arbitre. Il serait plus pertinent de calmer l'ardeur des artisans de
l'instrumentalisation de ces différences et de déconstruire le repli
identitaire. Voter avec une impulsion sectaire est en effet loin d'être un
courant majoritaire. Les excuses foireuses pour ne pas remettre à jour le
recensement ethnique représente aussi cette propension à éviter pathétiquement
la complexité des situations et à aggraver nos problèmes.
« Mauricio
est trop coûteux pour nous »: il serait donc plus méritant
de tolérer les défaillances du marché, les pots-de-vin, les projets de prestige
(Harbour Bridge, Safe City – même si la sécurité publique est toujours
justifiée, etc.), les inefficiences systémiques? Un réseau ferroviaire
national ne doit pas être envisagé du point de vue de la faisabilité
financière. Il faut le rendre abordable aux utilisateurs pour atteindre le sens
social et économique qu’il justifie. Tant que la transparence et
l’impératif écologique priment. La vérité est qu’une grande partie de
l’argent public est soit détournée au moyen de contrats publics et des
corps parapublics, soit gaspillée, notamment par la duplication excessive
d’emplois et d'organismes publics, les pensions de retraite abusives
auto-attribuées. Un gouvernement allégé et un chien de garde de la concurrence qui
mord vraiment comptent parmi les facteurs essentiels contribuant à la réduction
des coûts liés aux activités commerciales/industrielles et à la gestion
d'un ménage.
« La réforme »
magique: à moins que l’on ne soit fatalement enfermé dans une chambre
d’écho ou que l'on souffre d'une paresse intellectuelle aiguë, qui d'autre bien
dans sa tête prétendrait que la «stratégie» mise en œuvre dans la période
2005-2010 avait une portée visionnaire qui nous a effectivement rendu
moins vulnérable et plus percutant? Paradoxalement, cette approche qui a animé
le prétendu miracle également caractérise le cercle vicieux créé par nos
décideurs. Des opérations de colmatage, bâclées de surcroît, ne répareront
jamais un système qui se désintègre à petit feu.
« Feelgood
factor »: de temps en temps, il y a des événements qui
rassemblent les citoyens et dope leur journée. Vous ne vous attendriez quand
même pas à ce qu'ils se vautrent en permanence dans un état maussade? Ces
sentiments de bien-être durent rarement assez longtemps pour faciliter le
déploiement de mesures douloureuses visant à réinventer le système. Nos
Quatre-vingts Glorieuses offraient justement cette opportunité qui hélas n'a pas
été exploitées. Un programme plus gratifiant pour tout gouvernement serait
plutôt de réfléchir à comment créer les conditions qui permettraient
aux citoyens de s'identifier de manière soutenue à la construction du
projet Maurice. Autrement, nous serions toujours témoins de comportements
plus civiques et sophistiqués, comme avant le « miracle », cela dit
sans idéalisation, que des agissements ostentatoires, religieux comme
matériels, ou autres qui alimentent une méfiance réciproque.
En fin de
compte, il ne s'agit pas, par exemple, de convertir le capitalisme hardcore,
taillé pour les (grands) actionnaires, en capitalisme citoyen. Une
idéologie ou une doctrine qui en chasse une autre a un bilan lamentable,
tel un slogan d'une publicité mensongère, pour lequel nous continuons de payer
chèrement. L'espoir renaîtra à travers
une intendance qui nous inspire avec des idées hybrides. Le capital social nourrit
la performance économique honorable. Prêcher dans l'autre sens est
absurde.
Thursday, September 12, 2019
The fattest lies we keep telling ourselves
A decade or so ago, some of the richest Germans publicly pledged to contribute to a fairer share of taxes. In 2011, American billionaire Warren Buffet even warned us: "Stop coddling the rich". As, in effect, tax credits, creative accounting and tax havens allow him to pay less tax rate than his secretary. In this era, Britain's Jeremy Corbyn is arguably the first significant political bid to challenge the status quo in a major nation.
Wealth concentration, usually enabled by corrupt networks, has been tormenting populations worldwide, even if in varying degree. Worryingly, the popular anger it fuels is not being addressed in reasonable measure everywhere. Change is being imposed upon us. How and when will it happen concretely is anybody's guess. It is still unclear whether in Mauritius the message is getting through to where it matters: the top of the business and political world. It is time to call the sham they are set to promote as long as possible. Here are some of its key components:
Independence: Mauritius has been going through the same experience as most other countries in a post-colonial setting. In the wake of the official political independence from our colonisers, Mauritian citizens have been shackled by a neo-alliance between the post-independence political oligarchy and the "private sector", a misnomer for the sugar oligarchy. The fairy tale of electoral democracy has typically revealed itself as a sordidly engineered plutocracy, where the filthy rich of all shades dictates public policies for further capture. Simultaneously, Corporation France and Corporation India prey on deals in the Aid Industry while keeping Corporation China in check. All under the consultancy of the World Bank et al.
Miracle: The development phase associated to our Roaring Eighties onward is essentially infrastructural - the structural upgrade going conspicuously missing. It happened without any concern for planning, cost effectiveness and quest for excellence, let alone minimum standards. Why worry when we can nonetheless afford celebrating stardom, even if waning, within Africa. Worse, the gap between supply and demand in practically every field keeps broadening. Hence the permanent squeeze on the system.
"We are better educated": Indeed if we refer to relative access to academic diploma. But it is doubtful whether we inherited a better trained, more competent, trustworthy and cheery human capital relevant for today. Surely Internet has considerably reduced the asymmetry of information disseminated. We should however ponder its worth considering that a large segment of the audience is without much sense of discernment, too absorbed escaping an existential blow, or both.
The (fake) power of a sinking rupee: Expecting a collective pay cut to reverse the depressed labour output while also aiming at satisfying the obsession for GDP growth, whatever the costs (including environmentally), is delusional. It is little wonder the trajectory of the Mauritian Rupee (down ~90% against the US$ over the last 40 years) compared to that of the Singapore Dollar (up ~30%) also tells a brutally contrasting achievement story. A plight that weighs on borrowing costs, multiplies the number of debt-ridden businesses and households, and sours the national mojo. It is pertinent noting that to mitigate the distortion of their domestic markets as offshore money filters into them, practically all tax havens wisely and solidly anchor their currencies.
What's in "la république"? : More often than not, who is voicing a word or a concept and in which language it is being conveyed can twist its meaning. For instance, it is rare that when uttered in French, "la république" is not alluding to "liberté,égalité, fraternité". In its abstract form, it may certainly aspire to its "universal" claim. But in Norway, say, which is a constitutional monarchy, the feel of public sovereignty at grassroots is way less skin deep than in France or Mauritius for that matter. The point is that we should stay wary of tokenism, the practice that elevates evocative symbols as a smokescreen to self-serving initiatives. Tokenism is not exclusive to "la république", it permeates the system, undermining trust in institutions and weakening the rule of law.
"Communalism is in our genes": There are certainly among us a few fellow citizens who live with a sectarian mindset, however most of us are very comfortable to relate to cultural differences. Projecting one's frustrations on the Other rarely comes out of free will. It would be more productive to pick on the hawks bent on instrumentalising our differences and deconstruct what constitutes the everyday reality without privileges. Voting with a sectarian impulse does not mirror the core of mainstream responses. The lame excuses for not updating our ethnic census is a representation of our propensity to shun complexity foolishly and compound our problems.
"Mauricio is too costly for us": Better put up with market failure, kickbacks, pet projects (Harbour Bridge, Safe City - even if public safety is always warranted, etc.) and endemic shoddiness then? A nationwide railway network must not be viewed through the lens of financial feasibility. It must be made affordable for commuters to meet the social and economic sense it justifies. As long as full transparency and a green mindset prevail. The truth is that a huge portion of public money is being siphoned through, namely, public contracts, parastatals, and wasted on over-duplication of public jobs and offices, self-targeted and abusive pensions, etc. A lean government and a competition watchdog that really bites count among the pre-requisites for keeping the costs of doing business and running a household lowest.
The glorious "reform" days: Unless one is hopelessly trapped in an echo chamber or suffers from chronic lazy thinking, who in her right mind would claim that the "strategy" implemented in the 2005-2010 period was a visionary move that has effectively made us less vulnerable and more cutting edge? Ironically, the rationale, that shaped the so-called miracle too, reflects the vicious cycle our policymakers have unwittingly fomented and the mess we are stuck in. Sloppy tinkering will never mend a system that is breaking by the day.
Feel-good factor: Every now and then there comes an event that rallies citizens and lifts their day. You would not expect them to wallow in a sullen mood without respite, would you? It is human nature to look forward to something with a potential to radiate positive vibes. Such feel-good moments rarely last long enough to welcome the implementation of painful policies designed to reinvent the system. The opportunity was there during the Roaring Eighties but was not harnessed. A more rewarding programme for any government would rather be to create the conditions for citizens to identify consistently to Mauritius-building. Otherwise we would be witnessing plenty of sophisticated ways and civic sense instead of creeping ostentatious behaviour, religious and material. Just like before the "miracle".
Ultimately, it is not merely about rebranding hardcore capitalism, that runs for (big) shareholders, into stakeholder capitalism. The one ideology or doctrine chasing another approach has a miserable track record we are still paying dearly for. The call is for a stewardship inspiring us with hybrid ideas. Social capital precedes a stellar economic performance. The opposite is bullshit.
Wealth concentration, usually enabled by corrupt networks, has been tormenting populations worldwide, even if in varying degree. Worryingly, the popular anger it fuels is not being addressed in reasonable measure everywhere. Change is being imposed upon us. How and when will it happen concretely is anybody's guess. It is still unclear whether in Mauritius the message is getting through to where it matters: the top of the business and political world. It is time to call the sham they are set to promote as long as possible. Here are some of its key components:
Independence: Mauritius has been going through the same experience as most other countries in a post-colonial setting. In the wake of the official political independence from our colonisers, Mauritian citizens have been shackled by a neo-alliance between the post-independence political oligarchy and the "private sector", a misnomer for the sugar oligarchy. The fairy tale of electoral democracy has typically revealed itself as a sordidly engineered plutocracy, where the filthy rich of all shades dictates public policies for further capture. Simultaneously, Corporation France and Corporation India prey on deals in the Aid Industry while keeping Corporation China in check. All under the consultancy of the World Bank et al.
Miracle: The development phase associated to our Roaring Eighties onward is essentially infrastructural - the structural upgrade going conspicuously missing. It happened without any concern for planning, cost effectiveness and quest for excellence, let alone minimum standards. Why worry when we can nonetheless afford celebrating stardom, even if waning, within Africa. Worse, the gap between supply and demand in practically every field keeps broadening. Hence the permanent squeeze on the system.
"We are better educated": Indeed if we refer to relative access to academic diploma. But it is doubtful whether we inherited a better trained, more competent, trustworthy and cheery human capital relevant for today. Surely Internet has considerably reduced the asymmetry of information disseminated. We should however ponder its worth considering that a large segment of the audience is without much sense of discernment, too absorbed escaping an existential blow, or both.
The (fake) power of a sinking rupee: Expecting a collective pay cut to reverse the depressed labour output while also aiming at satisfying the obsession for GDP growth, whatever the costs (including environmentally), is delusional. It is little wonder the trajectory of the Mauritian Rupee (down ~90% against the US$ over the last 40 years) compared to that of the Singapore Dollar (up ~30%) also tells a brutally contrasting achievement story. A plight that weighs on borrowing costs, multiplies the number of debt-ridden businesses and households, and sours the national mojo. It is pertinent noting that to mitigate the distortion of their domestic markets as offshore money filters into them, practically all tax havens wisely and solidly anchor their currencies.
What's in "la république"? : More often than not, who is voicing a word or a concept and in which language it is being conveyed can twist its meaning. For instance, it is rare that when uttered in French, "la république" is not alluding to "liberté,égalité, fraternité". In its abstract form, it may certainly aspire to its "universal" claim. But in Norway, say, which is a constitutional monarchy, the feel of public sovereignty at grassroots is way less skin deep than in France or Mauritius for that matter. The point is that we should stay wary of tokenism, the practice that elevates evocative symbols as a smokescreen to self-serving initiatives. Tokenism is not exclusive to "la république", it permeates the system, undermining trust in institutions and weakening the rule of law.
"Communalism is in our genes": There are certainly among us a few fellow citizens who live with a sectarian mindset, however most of us are very comfortable to relate to cultural differences. Projecting one's frustrations on the Other rarely comes out of free will. It would be more productive to pick on the hawks bent on instrumentalising our differences and deconstruct what constitutes the everyday reality without privileges. Voting with a sectarian impulse does not mirror the core of mainstream responses. The lame excuses for not updating our ethnic census is a representation of our propensity to shun complexity foolishly and compound our problems.
"Mauricio is too costly for us": Better put up with market failure, kickbacks, pet projects (Harbour Bridge, Safe City - even if public safety is always warranted, etc.) and endemic shoddiness then? A nationwide railway network must not be viewed through the lens of financial feasibility. It must be made affordable for commuters to meet the social and economic sense it justifies. As long as full transparency and a green mindset prevail. The truth is that a huge portion of public money is being siphoned through, namely, public contracts, parastatals, and wasted on over-duplication of public jobs and offices, self-targeted and abusive pensions, etc. A lean government and a competition watchdog that really bites count among the pre-requisites for keeping the costs of doing business and running a household lowest.
The glorious "reform" days: Unless one is hopelessly trapped in an echo chamber or suffers from chronic lazy thinking, who in her right mind would claim that the "strategy" implemented in the 2005-2010 period was a visionary move that has effectively made us less vulnerable and more cutting edge? Ironically, the rationale, that shaped the so-called miracle too, reflects the vicious cycle our policymakers have unwittingly fomented and the mess we are stuck in. Sloppy tinkering will never mend a system that is breaking by the day.
Feel-good factor: Every now and then there comes an event that rallies citizens and lifts their day. You would not expect them to wallow in a sullen mood without respite, would you? It is human nature to look forward to something with a potential to radiate positive vibes. Such feel-good moments rarely last long enough to welcome the implementation of painful policies designed to reinvent the system. The opportunity was there during the Roaring Eighties but was not harnessed. A more rewarding programme for any government would rather be to create the conditions for citizens to identify consistently to Mauritius-building. Otherwise we would be witnessing plenty of sophisticated ways and civic sense instead of creeping ostentatious behaviour, religious and material. Just like before the "miracle".
Ultimately, it is not merely about rebranding hardcore capitalism, that runs for (big) shareholders, into stakeholder capitalism. The one ideology or doctrine chasing another approach has a miserable track record we are still paying dearly for. The call is for a stewardship inspiring us with hybrid ideas. Social capital precedes a stellar economic performance. The opposite is bullshit.
Thursday, July 11, 2019
The Hurtful Freebies
In the run up to the yearly
presentation of our national budget, citizens overridingly cry for more
affordable "bread and butter". It would be absurd to expect
self-absorbed grassroots to ponder other critical obstacles to their own
welfare. Few can afford to see through the media propaganda
and distraction not-so-subtly disseminated for the benefits of the "entente
cordiale" between governments and Big Business.
Social media tends to either share the very objects of distraction, or, in a rare moment of valuable contribution, turns into a platform for discussions about essentially the symptoms of our discontent. It would indeed be pivotal to see and hear echoes of the root causes going viral. This is to suggest that the drive to real salvation has yet to gather momentum.
Fortunately, bold change agencies are growing more and more visible. Such, among others, Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) and Adish Maudho. The latter recently flagged the impact of ongoing land grab on gradual deforestation as translated through land degradation, deterioration of food security, soil fertility, carbon sequestration capacity, wood production, groundwater recharge, etc. The environmental, social and economic damage could not be more worthy of a state of emergency.
The tax incentives and refunds granted by successive governments to some sectors are shocking. Here they are not designed for Mauritians to mitigate the ever-rising cost of housing, but for developers of villas and apartments targeting foreigners blessed with a currency that makes a mockery of ours. Hence, the government' s scorn further contracts the reach of citizens to decent housing and triggers a domino effect throughout the whole system. In return, while beaches, which count among the favourite leisure of Mauritians, shrink, betting houses have spread. The end result is that stress tends to escape through the unhealthiest outlets.
Whether it is through unconsciousness, incompetence, corruption or the three flaws simultaneously, our "elites" and their enablers unwittingly feed frustration slowly, but surely. Eventually, anger can turn into unrest with dramatic consequences. History and events around the world abound to testify. Under our malaise, xenophobia broods. Can we then blame the people and the "populists" who exploit the situation? It is actually very late, the awakening of the most enlightened minds among us cannot wait any longer.
Lately, we have been witnessing a usual blame game. This time it is about the decline in arrival of tourists. On the one hand, our leaders have yet to internalise how the experiential factor, that is the immersion into the local traditions and culture, and environmental landscape, now determines the competitiveness of tourist destinations. On the other hand, our main attraction is our hospitable cosmopolitanism, also part of our DNA.
Paradoxically, by contributing to the loosening of the social fabric, sordid policies are seriously compromising our national productivity and the elements of differentiation from our competitors. In a multi-ethnic and multi-religious setting, contagion can be devastating. Especially with an overwhelming concentration of title deeds, often acquired through coercion, cronyism and patronage or are misleadingly accounted for.
Sugar, on charcoal life support via power supply, and concrete, in excess, when lumped together, bears the potential of a time bomb. Will the fantasy of creating a paradise for cynics and tax dodgers not ultimately lead to a nightmare for all? The break with our development model can no longer be just another buzzword. On a more positive note, it would be desirable for AKNL to morph into Aret Kokin Nu Later to aim at our systemic drift in the hope that plenty more citizen movements follow suit.
Social media tends to either share the very objects of distraction, or, in a rare moment of valuable contribution, turns into a platform for discussions about essentially the symptoms of our discontent. It would indeed be pivotal to see and hear echoes of the root causes going viral. This is to suggest that the drive to real salvation has yet to gather momentum.
Fortunately, bold change agencies are growing more and more visible. Such, among others, Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) and Adish Maudho. The latter recently flagged the impact of ongoing land grab on gradual deforestation as translated through land degradation, deterioration of food security, soil fertility, carbon sequestration capacity, wood production, groundwater recharge, etc. The environmental, social and economic damage could not be more worthy of a state of emergency.
The tax incentives and refunds granted by successive governments to some sectors are shocking. Here they are not designed for Mauritians to mitigate the ever-rising cost of housing, but for developers of villas and apartments targeting foreigners blessed with a currency that makes a mockery of ours. Hence, the government' s scorn further contracts the reach of citizens to decent housing and triggers a domino effect throughout the whole system. In return, while beaches, which count among the favourite leisure of Mauritians, shrink, betting houses have spread. The end result is that stress tends to escape through the unhealthiest outlets.
Whether it is through unconsciousness, incompetence, corruption or the three flaws simultaneously, our "elites" and their enablers unwittingly feed frustration slowly, but surely. Eventually, anger can turn into unrest with dramatic consequences. History and events around the world abound to testify. Under our malaise, xenophobia broods. Can we then blame the people and the "populists" who exploit the situation? It is actually very late, the awakening of the most enlightened minds among us cannot wait any longer.
Lately, we have been witnessing a usual blame game. This time it is about the decline in arrival of tourists. On the one hand, our leaders have yet to internalise how the experiential factor, that is the immersion into the local traditions and culture, and environmental landscape, now determines the competitiveness of tourist destinations. On the other hand, our main attraction is our hospitable cosmopolitanism, also part of our DNA.
Paradoxically, by contributing to the loosening of the social fabric, sordid policies are seriously compromising our national productivity and the elements of differentiation from our competitors. In a multi-ethnic and multi-religious setting, contagion can be devastating. Especially with an overwhelming concentration of title deeds, often acquired through coercion, cronyism and patronage or are misleadingly accounted for.
Sugar, on charcoal life support via power supply, and concrete, in excess, when lumped together, bears the potential of a time bomb. Will the fantasy of creating a paradise for cynics and tax dodgers not ultimately lead to a nightmare for all? The break with our development model can no longer be just another buzzword. On a more positive note, it would be desirable for AKNL to morph into Aret Kokin Nu Later to aim at our systemic drift in the hope that plenty more citizen movements follow suit.
Wednesday, July 10, 2019
Alerte à Dodoland !
« Bizin
bes pri manze ». En d'autres termes, nous souffrons de la vie chère. C'est ce qui ressort
à vif des micros-trottoirs avant chaque
présentation du Budget national. Dans ce contexte, l'éveil face à l'un des
producteurs de nos « toxines » qu'est l'accaparement de nos
ressources, déjà ultra limitées, ne peut atteindre que celles et ceux qui
peuvent se permettre le luxe du discernement. Et aussi du détachement par
rapport aux outils médiatiques de propagande et de diversion au service de
l'entente politico-économique qui contrôle les leviers du pouvoir et abuse du
territoire mauricien.
Si, en général, les médias sociaux répercutent bêtement les objets de diversion ou, dans les plus constructifs des cas, les symptômes de nos maux profonds, leur suivisme peut, en revanche, aussi véhiculer ce qui est plus apte à atteindre les sources même de ces maux. Hélas, pour parodier le tristement célèbre « moralite pa ranpli vant », la population, dans sa très grande majorité, survit en mode « reflesi pa ranpli vant ». Ceci pour suggérer que la voie vers le salut s'annonce longue.
Heureusement, des acteurs vaillants du changement se manifestent de plus en plus, dont Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) et Adish Maudho. Ce dernier a tout récemment tiré la sonnette d'alarme sur l'accaparement des terres pour le développement foncier et son impact sur la déforestation graduelle dont on constate déjà les séquelles néfastes par le biais de « la réduction de la fourniture de services écosystémiques sous différentes formes comprenant la détérioration de la sécurité alimentaire, la fertilité du sol, la capacité de séquestration du carbone, la production de bois, la recharge des nappes phréatiques, etc., incluant des coûts sociaux et économiques importants pour le pays ».
Ce qui est davantage perturbant ce sont les incitations fiscales des gouvernements successifs, non pas pour les Mauriciennes et les Mauriciens afin de les soulager du cout prohibitif d'un logement, mais destinées aux promoteurs de villas et d'appartements pour étrangers achetant avec une monnaie qui ridiculise la nôtre. Ainsi, la vie chère ne se limite pas seulement à l'alimentation. Ce mépris accentue l'inaccessibilité au logement avec un effet domino sur tout le système. En contrepartie, pendant que les plages, qui comptent parmi les loisirs préférés des locaux, rétrécissent, les betting houses se sont multipliées. La finalité est que le stress ne peut s'évacuer que par des canaux comptant parmi les plus malsains.
Qu'il s'agisse de l’inconscience, de l'incompétence, de la corruption ou des trois tares simultanément, nos « élites » et leurs facilitateurs attisent la frustration doucement, mais sûrement. Eventuellement, la colère peut se transformer en troubles sociaux avec des conséquences dramatiques. L'histoire et l'actualité à travers le monde l'attestent. Sous notre malaise, la xénophobie couve. Pourra-t-on alors se contenter de culpabiliser le peuple et railler les « populistes » qui exploitent la situation? Il est déjà très tard, le sursaut des esprits les plus éclairés parmi nous ne peut plus attendre.
Nous assistons ces derniers temps à un habituel jeu de blâme. Cette fois-ci il s'agit du fléchissement dans les arrivées des touristes. D'une part, nos dirigeants n'ont toujours pas intériorisé que le facteur expérientiel, c'est à dire l'immersion dans le paysage traditionnel, culturel et environnemental, est désormais déterminant dans la compétitivité de la destination Maurice. D'autre part, notre attrait principal est notre cosmopolitisme et notre « gentillesse légendaire », qui font partie de notre ADN.
Paradoxalement, en contribuant à fragiliser le tissu social, les politiques sordides sont en train de compromettre sérieusement nos éléments de différenciation par rapport à nos concurrents et parasiter la productivité nationale. Avec un vécu tissé dans des fibres multi-ethniques et pluri-religieuses, la contagion peut se révéler dévastatrice. Surtout avec une concentration hégémonique de titres de propriété, souvent acquis par coercition, par copinage et clientélisme; ou qui sont trompeusement chiffrés.
Le sucre, quoiqu’en « respiration artificielle » permanente, bénéficie depuis quelques années d’un cocktail de charbon et de béton pour flotter. Un cocktail qui exige la plus grande modération, car potentiellement explosif sous l’effet de l’overdose. La rupture avec notre modèle de développement ne peut plus être une nouvelle arnaque. Le fantasme d'un paradis pour cyniques et défiscalisés ne mènera-t-il pas à un cauchemar pour tous? Autrement, il serait souhaitable que AKNL se mue en Aret Kokin Nu Later pour cibler notre dérive systémique et que d'autres mouvements citoyens leur emboitent le pas.
Si, en général, les médias sociaux répercutent bêtement les objets de diversion ou, dans les plus constructifs des cas, les symptômes de nos maux profonds, leur suivisme peut, en revanche, aussi véhiculer ce qui est plus apte à atteindre les sources même de ces maux. Hélas, pour parodier le tristement célèbre « moralite pa ranpli vant », la population, dans sa très grande majorité, survit en mode « reflesi pa ranpli vant ». Ceci pour suggérer que la voie vers le salut s'annonce longue.
Heureusement, des acteurs vaillants du changement se manifestent de plus en plus, dont Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) et Adish Maudho. Ce dernier a tout récemment tiré la sonnette d'alarme sur l'accaparement des terres pour le développement foncier et son impact sur la déforestation graduelle dont on constate déjà les séquelles néfastes par le biais de « la réduction de la fourniture de services écosystémiques sous différentes formes comprenant la détérioration de la sécurité alimentaire, la fertilité du sol, la capacité de séquestration du carbone, la production de bois, la recharge des nappes phréatiques, etc., incluant des coûts sociaux et économiques importants pour le pays ».
Ce qui est davantage perturbant ce sont les incitations fiscales des gouvernements successifs, non pas pour les Mauriciennes et les Mauriciens afin de les soulager du cout prohibitif d'un logement, mais destinées aux promoteurs de villas et d'appartements pour étrangers achetant avec une monnaie qui ridiculise la nôtre. Ainsi, la vie chère ne se limite pas seulement à l'alimentation. Ce mépris accentue l'inaccessibilité au logement avec un effet domino sur tout le système. En contrepartie, pendant que les plages, qui comptent parmi les loisirs préférés des locaux, rétrécissent, les betting houses se sont multipliées. La finalité est que le stress ne peut s'évacuer que par des canaux comptant parmi les plus malsains.
Qu'il s'agisse de l’inconscience, de l'incompétence, de la corruption ou des trois tares simultanément, nos « élites » et leurs facilitateurs attisent la frustration doucement, mais sûrement. Eventuellement, la colère peut se transformer en troubles sociaux avec des conséquences dramatiques. L'histoire et l'actualité à travers le monde l'attestent. Sous notre malaise, la xénophobie couve. Pourra-t-on alors se contenter de culpabiliser le peuple et railler les « populistes » qui exploitent la situation? Il est déjà très tard, le sursaut des esprits les plus éclairés parmi nous ne peut plus attendre.
Nous assistons ces derniers temps à un habituel jeu de blâme. Cette fois-ci il s'agit du fléchissement dans les arrivées des touristes. D'une part, nos dirigeants n'ont toujours pas intériorisé que le facteur expérientiel, c'est à dire l'immersion dans le paysage traditionnel, culturel et environnemental, est désormais déterminant dans la compétitivité de la destination Maurice. D'autre part, notre attrait principal est notre cosmopolitisme et notre « gentillesse légendaire », qui font partie de notre ADN.
Paradoxalement, en contribuant à fragiliser le tissu social, les politiques sordides sont en train de compromettre sérieusement nos éléments de différenciation par rapport à nos concurrents et parasiter la productivité nationale. Avec un vécu tissé dans des fibres multi-ethniques et pluri-religieuses, la contagion peut se révéler dévastatrice. Surtout avec une concentration hégémonique de titres de propriété, souvent acquis par coercition, par copinage et clientélisme; ou qui sont trompeusement chiffrés.
Le sucre, quoiqu’en « respiration artificielle » permanente, bénéficie depuis quelques années d’un cocktail de charbon et de béton pour flotter. Un cocktail qui exige la plus grande modération, car potentiellement explosif sous l’effet de l’overdose. La rupture avec notre modèle de développement ne peut plus être une nouvelle arnaque. Le fantasme d'un paradis pour cyniques et défiscalisés ne mènera-t-il pas à un cauchemar pour tous? Autrement, il serait souhaitable que AKNL se mue en Aret Kokin Nu Later pour cibler notre dérive systémique et que d'autres mouvements citoyens leur emboitent le pas.
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